On a eu peur,
on a peur.

La peur,
la sécurité,
semblent être devenues les principaux moteurs de notre pays,
d’un peuple.

Mais que peut-on fabriquer avec nos peurs?
C’est ma question du matin.

J’ai eu peur du bleu marine,
je ne suis pas plus rassurée aujourd’hui qu’hier,
et le bleu qui brille aujourd’hui sur une grande part de ce pays a beau être moins sombre
il nourrit hélas des élans très proches,
cultiver les peurs plutôt que de tenter de les apaiser.

Cultiver les tensions, la crainte de l’autre, de celle ou celui qui ne nous ressemble pas, qui n’agit pas comme nous, ne pense pas comme nous, ne parle pas comme nous.

Vous, moi, tous.

Voilà,
une nouvelle couleur pour la région dans laquelle je vis,
et des électeurs que j’imagine rassurés.
On leur a promis un “bouclier de sécurité” sur ce territoire,
avec “100% des gares, trains et lycées sous vidéoprotection”,
on leur a promis d’armer les policiers municipaux,
de créer une police des transports,
on leur a promis de rétablir les bourses étudiantes “au mérite”…

Le bleu doit être pur,
on ne mélange pas les bons et les méchants,
les torchons et les serviettes.

Ça se mesure le mérite?
Qu’on m’explique comment.

Envie de hurler,
mais non,
ou alors en silence.

Pourtant,
réfléchir.

Ces peurs, qui nous habitent tous,
d’une manière ou d’une autre,
nous conditionnent,
nous rendent manipulables.
On peut les laisser faire,
ou bien essayer de les mater.

Elles existeront toujours,
elles font partie de nous et sont avidement entretenues par ceux qui rêvent de pouvoir,
mais nous pouvons leur apprendre à prendre moins de place.

Ainsi respirer,
marcher et sourire,
même à celle femme sale qui tend la main chaque matin,
même à celui qui écoute de la musique trop fort en pleine rue,
même au chien muselé,
regarder, sourire, accueillir.

Et puis,
puisque dans cette nouvelle région toute de bleu vêtue il n’est plus guère
question d’aides aux plus fragiles, de culture, de spectacle vivant*…
Alors inventer autrement,
résister à nos peurs bleues,
et proposer encore,
et encore,
et encore,
partout où on peut,
avec ce qu’on a dans les mains,
la poésie et la beauté.

Envie d’essayer.

Sur ce blog je râlerai encore, promis,
mais j’essayerai de partager aussi mes découvertes en matière d’émotion,
de beauté, de création, d’humanité,
de VIE.

* (Mr Wauquiez souhaiterait entre autres choses fermer les formations fantaisistes comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes et ouvrir des formations débouchants sur de vrais jobs”)