le printemps,
et ce temps de résidence partagée,
qui approche,
et dont, lentement, je m’approche.

M’approcher de ce temps de création particulier,
(rares sont les occasions de travailler à deux,
rares également celles de le faire ailleurs que dans cette bulle qui est mon atelier,
rare enfin, pour moi, celle de me dédier toute entière à la terre),
c’est non seulement commencer à y penser,
à tenter d’anticiper nos besoins,
les directions que nous choisirons de prendre,
ou pas,
mais c’est aussi, d’une certaine manière,
commencer à faire germer des graines.

Des graines de lin, de muscari, endormies,
mais surtout des graines d’idées, d’envies.
Les poser dans des carnets, les voir évoluer,
et pour cela commencer à expérimenter.

Quelle joie, toujours, que celle de l’expérimentation.
Essayer, rater, chercher, tenter et retenter,
rater encore avant de voir apparaitre
l’esquisse d’un chemin sinueux et fugace.

Végétaux et porcelaine papier,
pour un premier temps d’essais.
Créer ainsi un alphabet fragile, sans savoir ce qu’il adviendra de ces merveilles,
sans savoir encore comment leur donner sens,
comment les faire exister au delà des “jolies petites choses” qu’à ce stade, elles sont.

Comment les relier au fil que Sylvie et moi
tenterons de suivre et de tisser tout au long de cette résidence,
un fil nourri de gestes, de savoir-faire et de réflexions,
nourri aussi de notre vécu, de nos mémoires,
de nos ressentis et de nos émotions.

Nous aborderons cette expérience en pensant
à ce qui pousse à l’ombre et dans le silence du ventre de la terre,
et du ventre des femmes.

À suivre…