Une
maison d’édition,
une autre,
cartes
postales et papeterie,
une
première rencontre,
et
puis quelque quatre-cents images.

Un
trajet.

Avant
l’image,
imprimée,
découpée, publiée, exposée sur son tourniquet ,
il y
a la peinture qui prend vie dans l’ombre de l’atelier.
Et
si la carte ne peut exister sans la peinture qui l’a initiée,
celle-ci
continue de vivre bien au-delà des collections épuisées.

En
voici quelques-unes,
extraites
de ce bout de parcours,
de
cette tribu de femmes qui depuis seize ans m’accompagnent.

Comme
moi, elles ont fait leur chemin depuis toutes ces années,
elles
se sont transformées,
ont
habité autrement l’espace à la fois étriqué et sans limites qui est le leur.

Femmes,

dans un premier temps presque asexuées,
elles
se sont épanouies dans la couleur qui leur tenait lieu de paysage et
d’air
à respirer.
Il m’a
fallu plusieurs années pour accepter l’idée qu’elles pouvaient me
ressembler,
et qu’inévitablement, elles suivaient mon trajet.

Ainsi
elles ont grandi, se sont épanouies, féminisées.

Parfois
se sont armées de ces piques d’Amazones
qui
disent ce que les femmes,
pour
pouvoir simplement vivre,
doivent sans cesse inventer.

Malgré
cela, elles ont poussé bien au-delà de moi.

Si
elles ont, au fil de ces années, suscité tant d’écho chez d’autres femmes,
c’est
peut-être que jamais elles n’ont imité les modèles
qui
nous sont imposés.


Je n’ai
jamais cherché à dire (sinon ce qu’une carte postale doit dire)
au
travers de ces femmes,
jamais revendiqué, jamais crié.
C’est
un aveu, elles n’étaient pas là pour ça.

Pourtant,
en rejoignant une à une la petite communauté qui peuple
mes
cartons à dessins, elles se sont emparées de ce qui gronde en moi,

d’une conscience vive,
et, ensemble, se sont affirmées.

Elles
disent sans mots ce qu’est une femme,
et son droit, ici, à exister.
Sans
peur, sans être abimée, minimisée, abusée, dominée, utilisée,
écrasée
par ceux qui la craignent et l’aiment à la fois.


Parées,
colorées, légères oui, mais jamais frivoles,
elles disent que beauté,
profondeur et gravité peuvent s’unir pour parler.

Les quatre premiers visuels ont été édités par Correspondances entre 2001 et 2009, les deux derniers par Aquarupella, en 2017.