Du grès, de la porcelaine, du papier, pour des pièces qui se construisent à pas lents, comme l’oiseau bâtit son nid.
Il s’agit justement de nids, de ces petits ventres doux qui abritent et protègent, mais pas seulement. Je ne sais pas encore ce qui émergera de ce temps de recherche et de travail, mais ces pièces rejoindront celles réalisées en résidence à Arte Diem avec Sylvie Delphaut, pour notre exposition Le ventre de la terre. Ce sera au Centre de céramique contemporaine de Giroussens, et ça approche!
(Pour plus d’infos, un communiqué de presse est à télécharger sur le site du centre).
Des citrons, on extrait les pépins, on les plante, on les arrose, on regarde grandir les arbres avec patience, puis on récolte.
On appelle ça la culture des citrons.
De la même manière, on cultive des idées, des pensées, des beautés, des couleurs et de l’intelligence. On cultive de la joie partagée, de la paix, des complicités, des liens entre les femmes, les hommes, les habitants de cette terre.
La culture se construit avec chacune de nos singularités, qui s’entrecroisent, se tissent, intimement se mêlent, pour donner corps à une identité commune et bariolée. Celle d’un groupe, petit, grand, peu importe, d’un ensemble de vivants, qui a son tour s’entremêlera à d’autres pour former l’immense communauté du monde.
Ce qui lie, en peinture, on appelle ça du liant. On le mélange au pigment pour fabriquer des couleurs. La culture est sans doute le liant qui nous permet, humains, de nous interconnecter bien mieux que n’importe quel réseausocial au monde.
C’est peut-être pour cette raison-là qu’on n’en veut pas, qu’on n’en veut plus, de la culture, parce qu’elle relie entre eux des humains qu’il est préférable de diviser. On nous expliquera alors qu’elle ne sert à rien, ou à pas grand chose, qu’elle est non essentielle.
L’essentiel aujourd’hui, semble être de pouvoir produire encore, et encore, et toujours plus et jusqu’à la nausée des machines à tuer détruire exterminer, à broyer l’humanité.
C’est une question de paix, nous dit-on.
On nous dira aussi que les femmes sont naïves, qu’elles ne comprennent rien à tout ça, à la paix, à la guerre et à ceux qui la font, qui sont des hommes sérieux, et qu’elles devraient se taire.
Retrouver leurs fourneaux, leur tricot, et les mots de Prévert, s’amuser de couleurs si ça les amuse, de pas de danse, d’histoires chantées, hurlées, murmurées, en compagnie d’hommes qui ne sont pas vraiment des hommes, parce qu’ils n’ont que faire de gloire et de patrie, et que l’étendard sanglant ils le revêtent chaque soir sur scène plutôt que sur le champ.
Qu’ils s’amusent, ces baladins, ces colporteurs de rêves, ces inutiles qui ne rapportent rien et — à en croire les décisions prises récemment par la plupart des acteurs politiques de la culture — qui coûtent un pognon de dingue à la communauté.
Qu’ils s’amusent mais qu’ils cessent enfin de mendier.
Depuis plus de trente ans, j’ai fait de la “culture” mon métier. J’ai choisi d’inventer d’inutiles images à partager, des couleurs et des formes sensibles, j’ai choisi de donner du sens aux matières, et je me suis un peu plus que souvent demandé à quoi cela servait.
Au fond de moi je le sais bien, à quoi ça sert. À faire pousser en nous des citrons, et des fleurs et des feuilles et des poissons volants, à rendre supportable et parfois même douce et vivable une vie que d’autres s’obstinent à saccager.
Qu’ai-je coûté, à la société, ou qu’ai-je rapporté? Puisque c’est comme ça qu’on mesure l’essentialité ou l’utilité d’un métier. Je n’en sais rien, mais je sais que depuis trente ans, le métier que j’ai choisi et exercé a permis à d’autres d’exercer le leur et d’en vivre.
Parmi eux,
Des éditeurs Des imprimeurs Des conducteurs de machines Des transporteurs Des graphistes Des libraires Des manutentionnaires Des galeristes Des fournisseurs d’électricité Des comptables Des marchands de couleurs, de terre, d’outils Des secrétaires Des directrices artistiques Des responsables export Des papetiers Des commerçants Des commerciaux Des chauffeurs routiers Des fabricants d’enveloppes, d’encre, de colle, de vernis, de boîtes, de carton et de tant d’autres choses, Et tous ceux que j’oublie Et ma famille, et moi …
Toutes celles et ceux qui ici vivent et font vivre cette inessentielle culture, les inventeurs et colporteurs du spectacle vivant, de la musique, des arts plastiques, de la littérature, du cinéma et de toutes ces choses qui font de nous des êtres uniques et pas des numéros, toutes et tous pourraient dresser cette liste.
Nos vies, nos métiers, nos savoir-faire à tous sont interdépendants, Il serait bon que certains y prêtent attention.
L’Atelier du Coin, à Saint-Étienne, accueille pour quelques mois ma petite papeterie ainsi que des illustrations originales.
J’essayerai, au fil des mois, d’enrichir les collections que je propose de quelques nouveautés et pièces uniques.
Par ailleurs, papeterie et pièces uniques en papier et en céramique sont encore et toujours visibles chez Souzani, la belle boutique de mon amie Sadaf, bijoutière au Chambon sur Lignon.
Malgré la fraîcheur, la grisaille du ciel et celle qu’insinuent en nous les casseurs de monde, les briseurs de rêves, de beauté et d’humanité, le printemps revient toujours.
Il revient du profond de la terre, il pousse la vie dans ses moindres recoins, il gonfle les bourgeons et sème la couleur à nos pieds.
Parce que le printemps est le symbole de la vie même, et de sa création, je propose trois stages à l’atelier, pour les mois de mars et d’avril à venir.
Au mois de mars, ce seront deux stages qui permettront de découvrir la fabrication de tampons et la création d’empreintes. En avril et en mai, nous plongerons dans la couleur, avec deux autres stages. Pour plus d’informations, c’est ici!
Poursuivre l’exploration de la blessure au féminin, de la peau griffée, marquée, tatouée par le temps et les incessants frottements de nos vies.
Fragments d’épiderme de porcelaine tendre, gravés, imprimés, incisés, comme autant d’histoires qui se racontent à qui sait regarder.
Une occasion de poursuivre à petits pas les expérimentations menées lors de notre résidence de 2023, puisque le démarrage de cette série de muraux en céramique a été l’occasion de travailler à nouveau ensemble, Sylvie Delphaut et moi.
Notre envie est de les présenter, en suivant chacune notre voie, lors des deux expositions qui nous réuniront en juin et octobre prochain. (respectivement au Centre céramique de Giroussens et au Centre d’art contemporain Le Rabois à Argenton-sur-Creuze)
Dans la continuité de notre résidence (à Arte Diem en 2023), Sylvie Delphaut et moi présenterons notre exposition Le ventre de la terre dans deux très beaux lieux. En juin prochain et pour deux mois, ce sera au Centre de céramique contemporaine de Giroussens. Puis, dès l’automne, au Centre d’art contemporain Le Rabois, à Argenton-sur-Creuze.
Ce sera l’occasion pour nous de continuer nos recherches.
Ici, à l’atelier, ce sera une poursuite de l’exploration du métissage, notamment entre grès, porcelaine et textile. Mais j’aimerais également creuser l’idée du ventre doux, fertile, fécond, de ce qui cache, contient, protège, de ce qui pousse à l’ombre de la terre, de ce qui donne vie.
Comme une réponse à ceux dont le projet n’est autre que la destruction massive de tout ce qui ne leur ressemble pas, de tout ce qui s’oppose à leurs désirs dévastateurs, à leur soif de pouvoir et de domination, à leur folie furieuse.
De la chair à la terre, inventer des refuges, des nids, des gousses, des abris pour les graines, pour les idées, pour la singularité et l’inventivité, pour le soin et la tendresse, pour la solidarité.
Entre deux projets, l’atelier se met en pose. Je promène sur lui un regard curieux, à la recherche de ce que j’ai cessé de voir. Glane un rayon de soleil, un souvenir d’enfances, déambule en attendant ce qui viendra, ce qui prend racine dans le silence.
Je croise un reflet, le dehors se frotte au dedans sur une pile de petits morceaux de verre qui n’attendent qu’à.
Je pense à cette année qui commence, mais qui ne commence rien d’autre qu’une série nouvelle de chiffres, de nombres. Je pense à ce que nous pourrions vouloir commencer, nous, humains qui quantifions le temps, l’espace, la possession et les privilèges.
Nous pourrions aussi vouloir cesser.
Par exemple, cesser de détruire, d’exterminer, de contaminer, de mentir, de piller, de dénier, de manipuler, d’empoisonner, de stériliser, d’accaparer, de nous défiler.
Nous pourrions, ils pourraient non?
Non?
Cela serait-il impossible? N’y aurait-il donc aucune alternative?
Nous pourrions collectivement changer de croyance, non?
Et imaginer la possibilité de la vie.
De la donner, de l’inventer, de la protéger, de la caresser, la partager, la vivre, de la faire phare dans la nuit.
Glacis acryliques, crayon de couleurs et impression au tampon sur papier. Mes petits formats encadrés ont poursuivis leur trajet chez Souzani, au Chambon sur Lignon.
Ce sera ce prochain week-end, à la Bourse du travail de Saint-Étienne, de 10h à 19h.
J’y présenterai bien sûr ma petite papeterie illustrée et auto-éditée, mais également, entre autres créations nouvelles, une série de petits formats tamponnés et mis en boîtes.
Un rendez-vous de fin d’année. Je serai présente sur le salon Fêtes impression, le week-end des 14 et 15 décembre, avec ma petite papeterie. J’y présenterai également une collection de pièces uniques, en papier perdu et tamponné.
Au plaisir de vous y croiser, vous m’y trouverez sous mon parasol en papier.