… on regarde le monde,

et on pleure.

Du moins je pleure,
je ne parviens plus à ne pas.

Ici, et là, et plus loin,
partout,
les hommes ne sont plus des hommes.

Parce que d’autres hommes,
ceux qui décident,
ceux qui proclament en être,
ceux qui se pensent plus forts et plus puissants
parce que plus possédants,
ceux qui croient savoir,
ceux qui dirigent et qui musellent,
parce que ceux là décrètent que certains en sont,
et d’autres pas.

Ces autres,
on les tue à bout portant,
de l’autre côté d’une frontière.
Parce qu’armés de cailloux ils seraient une menace
pour un état qui a fait d’eux des riens,
les a privés de tout,
sauf de cailloux,
et qui, à bout portant, les démembre,
les abat.

Ces autres dorment dans nos rues,
à nos pieds,
dans nos villes qui ne comptent plus les appartements vides
tellement ils sont nombreux.
Nombreux, mais pas pour eux.

Ces autres sont partout,
ils sont aussi vous,
moi, nous.

Nous qui n’avons pas réussi,
nous qui ne sommes rien.

Le déni d’humanité à ce point affirmé,
revendiqué,
ça devrait nous réveiller,
non?

Carnet, mai 2018.