sa peine, sa colère, sa lassitude, extrêmes parfois.
Manifester son désespoir, son incompréhension, son besoin d’être respecté, entendu,
son besoin d’être simplement considéré. Femme, homme, et non rouage, chiffre, objet.
Manifester son désaccord, manifester sa joie et ses idées, sa solidarité.
Manifester sa soif de liberté, d’égalité, de fraternité.
Le pourrons-nous encore, demain, après-demain ? alors qu’une petite poignée d’hommes et de femmes travaillent à déconstruire, pièce par pièce et minutieusement, les principes même de notre démocratie,
et ce, sous le toujours même fallacieux prétexte de nous protéger.
Mais de nous protéger de quoi au juste ? De nous-mêmes ? De notre soif de liberté, de fraternité, de solidarité ? Serions-nous à ce point irresponsables que nous ne serions pas même capables de savoir et choisir ce qui est bon pour nous ?
Serions-nous à ce point irresponsables qu’il nous faille nous voir imposer un cadre de vie et de pensée de plus en plus restrictif, répressif, contrôlé ?Alors même que ceux-là qui nous jugent irresponsables nous accablent de leur propre irresponsabilité ?
Ainsi, les pauvres seraient responsables de la pauvreté, les chômeurs du chômage, les migrants des migrations forcées, les contestataires de la violence, les citoyens de la destruction de notre environnement et de notre climat… et puis quoi encore ? Les malades de leur maladie ? les vieux de leur inacceptable vieillesse ? les enfants de ne pas savoir lire,écrire, compter ?
Irresponsables responsables, nous voici aujourd’hui invités à parler, à débattre, à s’exprimer, mais sans crier s’il vous plait, sans rire et sans pleurer, sans sortir de ce cadre qui nous est imposé.
Mais parler, dire, manifester sa peine, sa colère, ses idées, son désaccord, avons-nous vraiment besoin de ce cadre pour le faire ?
Les espaces et les moyens ne manquent pourtant pas, et n’ont jamais manqué. Associations, syndicats, ONG, permanences d’élus, conseils municipaux, courriers, grèves, manifestations, communiqués et tribunes dans la presse, pétitions, actions judiciaires, élections, chansons…
Dès lors, que manque-t-il sinon une écoute réelle et sincère, sinon une considération qui ne soit pas de façade ?
Nous exprimer, mais dans les limites d’un espace formaté, sur le papier quadrillé des cahiers, sans jamais dépasser, c’est ce que depuis l’enfance on nous transmet. Petits soldats bien éduqués, enfants soumis à la loi du marché, ou des hommes qui le font, nous voilà en rangs, prêts à aller remplir de nouveaux cahiers, comme nous y avons été invités.
Je veux continuer à croire qu’il existe d’autres moyens de dire et de parler, de vivre, d’exister, de se manifester et qu’il est de notre devoir de continuer, sans relâche, à leur donner vie.
Ce sont mes vœux pour cette nouvelle année.
Qu’elle nous voie enfin, chacun à sa mesure, prendre conscience de ce que
nous avons dans les mains, retrouver la confiance en nos possibilités, en tout ce que nous avons, hors des cadres imposés, à inventer, à dire, à créer, à transformer,
et à manifester.
Belle année à vous!
Tant de justesse est fascinant.
Merci Gaëlle pour cette clairvoyante synthèse.
Gaëlle Présidente !!!
Avec mon affectueuse admiration.
Bien à vous.
Même ce joli dessin fait réfléchir.
« Il faut encore avoir du cahos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse », écrivait Nietzsche.
Belle année à vous !
Merci pour ce texte vivifiant, Gaëlle !!! Sur nos lieux de travail, dans nos cercles amicaux, à la maison, dans nos ateliers, sur nos chantiers … dans le.s collectif.s nous pouvons inventer une autre façon d’être ensemble, de nous parler, d’agir. Je veux croire en une année de tous les possibles.