Mais à quel prix ?
Et au prix de quelle vie ?
Où en sommes-nous de nos questionnements ?
Et de nos peurs ?
Où en sommes-nous de nos soumissions ?

Deux dessins un peu anciens, posés sur le papier il y a une douzaine d’années,
actualisés aujourd’hui.

Nous aurions pu espérer que ces douze années nous amènent vers plus de sagesse,
vers une prise de conscience collective qui nous verrait consommer moins compulsivement,
plus intelligemment, et nous respecter davantage.
Qui nous verrait lutter ensemble contre l’autorité d’un état sourd
et contre ceux qui se croient les rois du monde parce qu’ils s’envoient en l’air dans l’espace,
ruinant par ce seul et délirant caprice tous nos espoirs d’une terre régénérée.

Mais non.
Non, la sagesse se dilue dans des rêves sur petits écrans,
et nos esprits critiques se noient derrière les vitres des smartphones.

Où en sommes nous de nos vies, de nos capacités à vivre, à inventer nos vies,
à résister?
Serions-nous devenus ces pions qui, par peur de perdre la vie, renoncent simplement à la vivre?

Et quelles sont ces vies qui valent plus que d’autres vies?
Plus que celles de ces centaines de “migrants” en train de mourir à petit feu dans une église bruxelloise, plus que celles de ces milliers de femmes, hommes et enfants qui ont péri en Méditerranée
cette année encore, plus que celles de milliers de femmes, hommes et enfants qui croupissent et subissent tortures et maltraitance dans des camps lybiens financés par l’Union Européenne, plus que celles de ces femmes, hommes et enfants tués par des armes françaises au Yemen, plus que celles de ces femmes, hommes et enfants qui meurent de faim à Madagascar, qui sont morts sous la boue en Allemagne, parce que notre planète surchauffe.

Ces vies-là, reconnaissons-le, nous importent peu,
et importent moins encore ceux qui mènent notre barque.
Non, les vies qui nous importent,
ou plutôt les morts,
ce sont celles que l’on agite pour mieux nous bâillonner, nous contrôler, nous domestiquer,
ce sont celles de l’entre-soi, de l’entre-frontières, de l’entre-virus.

Et nous voilà le dos courbé, en rangs serrés, à obéir aux injonctions royales,
sans même prendre le temps d’une réflexion globale sur ce que nous sommes en train de vivre.
La pédagogie et la confiance ne semblent pas avoir de place dans la lutte contre l’épidémie
qui nous assaille. Il faut croire que ceux qui nous “président” ont bien peu de respect pour nous
et pour notre capacité à être adultes et responsables.
Mais comment pourraient-ils en avoir, puisque nous leur montrons chaque jour que
nous n’en n’avons pas plus pour nous-mêmes, pour nos droits, pour notre dignité ?

Un peu de lumière pour éclairer nos réflexions: cet article de Félix Tréguer, paru dans Le Monde diplomatique. Urgence sanitaire, réponse sécuritaire.