Comment ne pas?

Ne pas chialer, là, ventre serré dans l’atelier,
en lisant ça.

On le savait pourtant,
on le hurlait déjà,
mais qui entend?
Qui, vraiment, veux entendre?

On nous parle de sauver des emplois.

Il faut donc tuer pour ça?
Accepter de tuer?
D’assassiner des enfants, des femmes, des hommes, des gamins, des vieillards?
Tuer, mutiler, bousiller à jamais?

Oui, mais non, pas tout à fait,

c’est loin vous savez,
et quand c’est loin on ne voit pas bien.
On ne les tue pas vraiment, avec nos armes, les ukrainiens.
Les yéménites et les syriens non plus,
non.


Ce sont d’autres qui tuent regardez!
Ces vilains soldats aux ordres d’un méchant dictateur.

Nous on n’y est pour rien.


Bon,
C’est vrai qu’on a conçu, élaboré, peaufiné,
fabriqué et commercialisé,
signé des marchés.
C’est vrai qu’on s’est assis sur les traités qu’on avait pourtant ratifiés,
On a contourné l’embargo, aussi, c’est vrai.

Mais ils n’avaient qu’à pas les utiliser ceux à qui on les a livrées!
On leur avait bien dit pourtant, “Ces machines servent à tuer, mais c’est pour la paix!”
Qu’y peut-on s’ils n’ont pas compris?


On peut pleurer.

On peut aussi se révolter,
dénoncer,
interpeller.
On peut agir.

Avec ce qu’on a dans les mains,
avec nos moyens de colibri,
mais on peut, oui.


• Article Libération. La France a continué d’équiper militairement la Russie jusqu’en 2020.

Commencer à agir, ici, avec Amnesty International.