Pour les femmes, pour leurs droits.
Il en a été décidé ainsi.
Un jour pour le souvenir,
comme un bouquet de roses qui viendrait leur dire,
Tu sais je ne suis pas souvent là,
j’ai été dur parfois,
je ne me suis guère préoccupé de nos enfants,
de tes envies ou de ta liberté,
j’ai quand même mieux à faire,
j’ai des responsabilités,
et puis je travaille moi,
je ramène un salaire pendant que tu tricotes,
et puis j’ai besoin d’air, j’ai ma vie à vivre,
et ça suffit à la fin, regarde, je t’ai apporté des roses,
rouges,
un plein bouquet,
tu vois je suis là je pense à toi,
c’est ton jour, ta fête,
ça ne te suffit pas?
Une journée internationale des femmes comme un bouquet de roses reçu en pleine figure.
Et ce jour-là tout le monde s’y met,
et on commémore, et on légifère, et on donne la parole,
et la presse, et l’assemblée, et même le palais n’en finissent pas de se passer le relais.
Car c’est notre journée, la leur,
celle de toutes les opprimées, les violentées, les dominées,
celles qui nettoient soignent et balaient,
celles qui se terrent, celles qui se déguisent en échassier à bec rouge pour mieux exister,
celles qui ont dit non, mais…
celles qui n’ont pas osé,
celles qui ne savent pas même pas qu’elles en ont le droit.
C’est leur jour, le nôtre,
il faut en profiter, ça ne fait que passer.
Demain se sera terminé, les roses rouges seront fanées.
Demain,
elles reprendront leur tablier.
Mon tablier à moi, le voilà.
Presque propre,
il sèche au chaud,
entre deux chantiers.
Entre porcelaine et couleurs sur papier,
sur fils de laine, de soie et de coton,
entre deux recherches, deux explorations.
Aujourd’hui c’est sa fête,
la fête des tabliers qui vivent et m’accompagnent
dans ma vie de femme qui, aux roses rouges, préfère les mauvaises herbes,
les fleurs des champs,
celles qui poussent en liberté,
loin des canons et des poisons.
Demain, ce sera sa fête aussi, et puis après-demain.
Il reprendra le chemin des taches bariolées,
tentera avec moi d’inventer des parcelles de vie,
de lumière.
Alors,
bonne fête aux tabliers!