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r o s e
La terre nous offre ses couleurs.
Les potières s’emparent de la terre.
Plat de Maud Salançon/La Prossima Volta et bol de Sylvie Delphaut.
Petite maison tortue née dans mon atelier.
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r o s e
La terre nous offre ses couleurs.
Les potières s’emparent de la terre.
Plat de Maud Salançon/La Prossima Volta et bol de Sylvie Delphaut.
Petite maison tortue née dans mon atelier.
Peut-être pour le blues de la fin de l’été,
de la fraîcheur des soirs.
Peut-être pour se souvenir d’un ciel presque immaculé
au dessus d’une prairie de Lozère,
et d’un petit nuage perdu,
et que j’ai adopté,
juste avant qu’il ne s’évapore.
Peut-être parce que c’est beau,
un camaïeu.
Peut-être
parce que demain
ce sera rouge.
Je les aime folles,
vivantes,
comme ces minuscules bestioles qu’elles abritent.
Je les regarde,
elles m’accompagnent au quotidien,
ici, quand je les foule,
les caresse,
là, quand je les dessine.
Je m’en empare,
elles m’éloignent et me protègent de la folie des hommes.
Profond,
bleu de l’oubli.
Bleu cobalt,
bleu de la nuit,
de la terre et de la pluie.
C’est comme le ciel,
avec le vent qui bouscule les nuages,
et le rose matinal qui nous fait sa parade,
et le gris plombé qui l’envoie valdinguer.
Un mouvement permanent.
Dans l’atelier,
c’est un peu pareil,
tout bouge, tout le temps,
c’est le nid de l’alternance,
et ce blog est le carnet qui garde en mémoire
la trace de ces incessants passages.
Depuis quelques jours, grès et porcelaine ont remplacé le papier,
les pigments.
Le fil attend son heure,
et la couleur n’est jamais loin,
mais elle prend d’autres formes.
Dehors le vent est fou.
Dedans il faut sans cesse réinventer des bulles,
de silencieux paysages.
Et en parlant de pays sages,
envie de vous inviter à aller voir le documentaire douloureux
mais tellement important de David Dufresne,
Un pays qui se tient sage.
Il donne grandement à réfléchir, et plus que jamais nous avons besoin de ça.
À bientôt?
Pour le plaisir de jouer avec les couleurs,
de faire résonner entre elles des images glanées au quotidien,
dans l’atelier, dessus, dessous,
pas loin.
éphémère,
entre ciel et terre.
Au sommet d’un empilement de vies,
comme les hommes savent les construire,
d’un empilement d’étages
dans lesquels chacun respire,
tourne en carré,
pleure, rit, boit, mange et se terre,
dans lesquels chacun planque sa peur de souffrir,
de voir sa vie finir,
sans pourtant bien chercher à comprendre
ce qu’est sa vie, ici,
ni ce qu’il en fait,
sans jamais parvenir à penser à la fin
qui fait pourtant tellement partie du chemin.
Les bestioles, elles,
arrimées dans la terre, le bois ou le papier,
sourient de nos paniques.
Elles m’accompagnent au quotidien,
et depuis des années,
de leur beauté,
de cet espoir né de la main de l’homme,
de son esprit, de sa pensée, de son corps tout entier,
qui est aussi capable de cela, oui,
inventer de la beauté.
Mais revenons à Noé…
Un zèbre et un mouton feutrés, par Maria Friese
Un drôle de scarabée par mon amie Sadaf Maneval
Petit âne japonais en bois peint, amoureux d’une indescriptible bestiole en porcelaine par Bertille Derail
Chat vivant, maitresse des lieux
Dans l’arche il y avait des humains aussi, les voilà,
une famille qui me suit depuis ma toute petite enfance…
Avec son chat (venus du Japon?)
Deux poissons tout sourire sur carreau persan
Jouet chiné, un lapin bleu, aux côtés d’un carreau cobalt et outremer, persan encore
Dans un cadre en métal recyclé, un éléphant et un dromadaire en colère
Revoici la limace en porcelaine de Julia Huteau
Une toute petite antilope aux cornes d’aiguilles de pin, par Laurent Suchel
Un poisson à retrouver un jour (mais oui, un jour les portes de nos arches s’ouvriront!), chez Souzani, au Chambon-sur-Lignon
Enfin, en écho à cette colère, envie de relayer ceci:
J’ai la rage, tribune parue dans Libération.
À bientôt?
Ils n’ont pas attendu le déluge pour me rejoindre dans mon arche.
Entre quatre murs, un safari-photo
au gré de ces belles mains qui créent.
et les oiseaux chantent,
et les oiseaux respirent enfin.
Et les oiseaux de toute leur hauteur contemplent la bêtise des Hommes.
Ils se demandent, les oiseaux,
qui applaudissaient les soignants quand ceux-ci, il y a quelques semaines, défilaient,
quand ceux-ci à tour de bras démissionnaient,
pour tenter d’alerter,
de crier la détresse d’un service public assassiné,
d’une profession à bout de forces,
d’un intérêt général (le nôtre!) méprisé,
pour se faire entendre des oreilles sourdes du pouvoir.
Et les hommes applaudissent, quand ils devraient réfléchir,
mais savent-ils encore réfléchir?
Les oiseaux se demandent,
et ils ont en eux la réponse.
En eux et en leur espèce compromise par la folie des Hommes.
Ils se marrent les oiseaux,
quand de toute leur hauteur ils regardent ces Hommes s’épuiser à sauver des vies,
et juste à côté, là,
dans l’ombre,
d’autres Hommes qui conçoivent, fabriquent et commercialisent
les engins les plus sophistiqués qui soient,
et destinés à la détruire,
la vie.
Ils ne comprennent pas les oiseaux,
pourquoi chez les Hommes il y a des vies qui valent la peine d’être sauvées,
et d’autres qui valent la peine d’être détruites
Il y aurait donc des vies plus importantes que d’autres?
Ils ne comprennent décidément rien aux Hommes
les oiseaux.
Confinée comme chacun de vous,
entre maison et atelier,
stages et projets des mois à venir annulés ou reportés,
j’essaie de travailler à préparer l’après,
à chercher les moyens de ne pas sombrer,
et je continue par ailleurs de me tenir informée sur la marche du monde…
À bientôt?
Article du Monde: La France, troisième exportateur mondial d’armement.
Amnesty International: Vente d’armes, stop à la complicité de la France
Dossier Amnesty: Égypte, des armes françaises au cœur de la répression
Elles l’ont eu leur journée.
Elles ont pu gueuler, appeler au respect,
à la dignité.
Elles ont pu crier qu’elles sont la première des minorités,
et par là solidaires de tous ceux qui,
comme elles
se font laminer, dominer, écraser,
de tous ceux qui ne sont rien,
ou pas grand chose pour certains.
Mais aujourd’hui c’est fini,
aujourd’hui c’est la journée des pommes pourries.
Alors belle journée aux pommes plissées, flétries, rabougries,
et belles journées à toutes les autres,
pommes, pas pommes, vieilles et jeunes,
de toutes les tailles et de toutes les couleurs.
Femmes,
vivez,
vivons!