Un seul format: 20x20cm, et 31 artistes — illustrateurs, photographes, peintres, céramistes… qui s’emparent des dates qui leur ont été proposées pour les décliner au fil des douze mois de l’année.
L’occasion pour moi de revenir, une fois encore, à la terre, et à sa rencontre avec le dessin, les mots, la poésie.
Ainsi sont nés douze carrés de grès émaillés qui accueillent au fil des jours, 6 janvier, 16 avril, 1er juillet… les pages d’un journal inventé.
Pas de vernissage cette année, mais vous pourrez me retrouver, sur place, le 1er octobre de 15h à 17h, le 2 octobre de 16h à 19h et le 3 octobre entre 15h et 17H.
Peut-être pour le blues de la fin de l’été, de la fraîcheur des soirs.
Peut-être pour se souvenir d’un ciel presque immaculé au dessus d’une prairie de Lozère, et d’un petit nuage perdu, et que j’ai adopté, juste avant qu’il ne s’évapore.
Feuilles de figuier et céleri aromatique dans un vase créé lors du dernier stage Murmures de terre, qui a eu lieu à l’atelier au mois de mai dernier. Une tête de grès roux aux couleurs de pain d’épices et qui s’invente des chevelures changeantes. Plus d’images à retrouver sur mon blog dédié aux stages.
Mais à quel prix ? Et au prix de quelle vie ? Où en sommes-nous de nos questionnements ? Et de nos peurs ? Où en sommes-nous de nos soumissions ?
Deux dessins un peu anciens, posés sur le papier il y a une douzaine d’années, actualisés aujourd’hui.
Nous aurions pu espérer que ces douze années nous amènent vers plus de sagesse, vers une prise de conscience collective qui nous verrait consommer moins compulsivement, plus intelligemment, et nous respecter davantage. Qui nous verrait lutter ensemble contre l’autorité d’un état sourd et contre ceux qui se croient les rois du monde parce qu’ils s’envoient en l’air dans l’espace, ruinant par ce seul et délirant caprice tous nos espoirs d’une terre régénérée.
Mais non. Non, la sagesse se dilue dans des rêves sur petits écrans, et nos esprits critiques se noient derrière les vitres des smartphones.
Où en sommes nous de nos vies, de nos capacités à vivre, à inventer nos vies, à résister? Serions-nous devenus ces pions qui, par peur de perdre la vie, renoncent simplement à la vivre?
Et quelles sont ces vies qui valent plus que d’autres vies? Plus que celles de ces centaines de “migrants” en train de mourir à petit feu dans une église bruxelloise, plus que celles de ces milliers de femmes, hommes et enfants qui ont péri en Méditerranée cette année encore, plus que celles de milliers de femmes, hommes et enfants qui croupissent et subissent tortures et maltraitance dans des camps lybiens financés par l’Union Européenne, plus que celles de ces femmes, hommes et enfants tués par des armes françaises au Yemen, plus que celles de ces femmes, hommes et enfants qui meurent de faim à Madagascar, qui sont morts sous la boue en Allemagne, parce que notre planète surchauffe.
Ces vies-là, reconnaissons-le, nous importent peu, et importent moins encore ceux qui mènent notre barque. Non, les vies qui nous importent, ou plutôt les morts, ce sont celles que l’on agite pour mieux nous bâillonner, nous contrôler, nous domestiquer, ce sont celles de l’entre-soi, de l’entre-frontières, de l’entre-virus.
Et nous voilà le dos courbé, en rangs serrés, à obéir aux injonctions royales, sans même prendre le temps d’une réflexion globale sur ce que nous sommes en train de vivre. La pédagogie et la confiance ne semblent pas avoir de place dans la lutte contre l’épidémie qui nous assaille. Il faut croire que ceux qui nous “président” ont bien peu de respect pour nous et pour notre capacité à être adultes et responsables. Mais comment pourraient-ils en avoir, puisque nous leur montrons chaque jour que nous n’en n’avons pas plus pour nous-mêmes, pour nos droits, pour notre dignité ?
Je les aime folles, vivantes, comme ces minuscules bestioles qu’elles abritent. Je les regarde, elles m’accompagnent au quotidien, ici, quand je les foule, les caresse, là, quand je les dessine.
Je m’en empare, elles m’éloignent et me protègent de la folie des hommes.
Je serai présente cette année encore auprès de l’association M’la vie avec Lisa, avec une sculpture céramique et textile, ainsi qu’un original, qui ne manque pas d’air.
Du carnet à la porcelaine, le dessin fait son chemin. Quelques pièces tout juste sorties du four et nées d’une collaboration avec Frédérique Eyraud, potière. La technique de la décalcomanie céramique permet ces va-et-vient entre son travail et le mien et a donné naissance à notre toute petite collection Histoires de jardin.
Et puis ceci, trace d’un passé révolu, mais pas si lointain. Retrouvé, en rangeant l’atelier, des dizaines de lettres écrites il y a plus de trente ans, et que nous échangions, une amie et moi, quasi quotidiennement. Les années 80 avaient aussi leurs réseaux sociaux, faits de papier, d’encre, de voix, de sourires, de complicités… Nous n’avions pas 680 amis, nous ne likions pas, mais nous savions quand même échanger, partager, communiquer, nous aimer, pour de vrai.
Parce que les jours lumineux il nous faut les fabriquer à chaque instant, quelques nouvelles de la vie dans l’atelier, et juste à côté.
Dehors, le printemps semble s’oublier. C’est un peu comme s’il nous baladait entre hiver et été sans parvenir à prendre sa place, sa belle place de printemps, celle qu’on aime et qu’on attend.
Ceci dit, il y en a que ça ne semble pas incommoder…
Dedans les pinceaux s’agitent. Le stage Cuisine des couleurs du mois d’avril a été annulé, les images de celui du mois de mars sont à retrouver ici.
À l’étage du dessus, les pinceaux toujours, et puis les crayons, pour de nouvelles illustrations. Des commandes que je montrerai bientôt ici.
Un peu plus bas la terre prend forme. Un nouveau four céramique m’accompagne désormais et j’ai pu reprendre le chemin du grès, des engobes et de la barbotine… Je cherche, j’expérimente, je continue de tendre des fils entre le dessin et toutes ces matières que j’aime tellement travailler. C’est pour moi un bel élan vital qui me permet de tenir dans ces jours sans horizon.
Des petits bouts, des fragments, difficile d’en montrer plus pour l’instant, mais ça viendra.
En attendant je vous souhaite un très beau printemps et vous dis à bientôt!