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Gaëlle Boissonnard, un peu plus loin...

Végétal

Comme ça..., En cours Posted on 23 Mai, 2023 15h47

Juste quelques pas à faire,
une fois passée la porte de l’atelier
pour trouver des plantes et des fleurs
qui soignent et qui se mangent.

Fascinée par leur présence et leur étrange beauté,
je ne peux pas m’empêcher de les saisir avec ma boîte à images,
de les garder dans un coin de mon antre,
pour les jours de froid peut-être,
et pour le plaisir de les partager .
(c’est plus beau qu’une guerre, qu’un Jet ou qu’une robe à paillettes non?
C’est surtout tellement plus vivant)

Aussi les plantes,
les végétaux,
me suivent partout dans mon travail.
Jusque dans les textiles que j’utilise, lins, chanvres et cotons élimés,
jusque dans la terre dans laquelle je les trempe, les imprime,
jusque dans mes dessins, presque toujours.

Ici, les détails d’une installation réalisée pour un hall d’immeuble
de la ville de Saint-Chamond, dans la Loire.
Il s’agit d’une commande de l’association Arte Diem pour Habitat et métropole.
Une dizaine de fresques ont été réalisées par autant de céramistes professionnels
dans le cadre de la rénovation d’un ensemble d’immeubles de logements sociaux.

J’ai choisi de travailler non pas sur une fresque conventionnelle composée de carreaux assemblés,
mais sur un ensemble de plaques murales collées sur un mur peint en vert argile.
Chacune fonctionne de manière isolée, comme un tableau,
raconte sa propre histoire,
tout en faisant écho à ses voisines.
Le fil conducteur qui créé la cohésion de l’ensemble
au delà de leurs formes et du mouvement qu’elles installent,
est fait de ces petites choses dont l’humain a oublié la préciosité et l’importance.
La vie végétale et animale qui nous entoure et qui fourmille sous nos yeux aveugles,
indispensable à la survie de notre espèce.

Archipel. Ensemble de 70 plaques de grès engobées, émaillées et illustrées de collages de décalcomanies céramique réalisées à partir de mes dessins et de planches botaniques anciennes.

Et plus beau encore que n’importe quel dessin,
consoude et nigelle,
les couleurs du printemps.



Comme des cailloux de couleur

En cours Posted on 10 Mai, 2023 12h18

Qui ponctuent un trajet.

Car tout objet de papeterie,
carte, carnet,
est précédé de ce chemin fait de recherches,
de doutes et de ratés,
de renoncements (et donc de piles d’essais colorés
et de papiers gouachés relégués au sommeil),
mais aussi de travail, de trouvailles et de joies.


Il est si facile d’imaginer “l’artiste” dans son atelier,
main au front en train de créer.
L’inspiration viendrait de la lumière,
elle jaillirait comme l’eau sur le papier,
et l’illustratrice éclairée produirait sans relâche et sans efforts,
comme la poule au poulailler,
des œufs d’or que chacun(e) pourrait s’approprier, transformer, cuisiner,
pour les faire fructifier.

Difficile de lutter contre cette idée et contre cette tendance
sans doute profondément humaines.

Moi j’ai envie de partager mon travail,
de manière juste,
de lui donner un sens qui ne soit pas que lucratif,
de continuer à trouver en moi les moyens d’inventer un peu de beauté
sans être instantanément considérée comme une pondeuse ou une vache à lait.
Besoin, comme toutes et tous, d’être respectée,
dans ce que je suis, dans ce que je fais,
sans avoir à me battre en permanence pour cela.

Ce n’est pas simple,
et c’est pourquoi mon Édition minuscule est née.
Je n’en parle pas beaucoup ici,
elle continue pourtant son bout de chemin,
de caillou en caillou.

En attendant d’étoffer mes collections de nouvelles illustrations,
celles qui existent déjà sous forme de cartes et de carnets sont désormais en vente en ligne
sur le site de Papiers et compagnie.

Vous les trouverez donc facilement ici.

À bientôt!



Retour de résidence

En cours, Tenter de dire Posted on 11 Avr, 2023 12h30

Deux semaines,
c’est bien court pour parcourir la terre,
l’explorer dessus, dessous, dedans,
au creux de ses recoins cachés.

Deux semaines dans une bulle hors du temps,
à parcourir de nos doigts et de nos doutes l’idée de l’ombre fertile,
du ventre qui protège,
qui enfante comme la terre offre ses replis aux graines,
aux racines, aux rhizomes, aux germes oubliés,
pour couver la vie, la soigner, la protéger,
l’inventer.

Ces deux semaines de création et de bonheur dans la lumière d’un immense atelier
nous ont été proposées par l’association Arte Diem,
qui œuvre pour le partage et la reconnaissance de la création céramique depuis plus de trente ans.
Merci à toutes celles et ceux qui nous ont accueillies et accompagnées joyeusement
durant ces 16 journées de création.

Merci également à Chloé Sorbe, pour les très belles photos réalisées pendant ce temps de résidence.

Les pièces réalisées pendant la résidence, qui seront sans doute complétées par d’autres que nous réaliserons un peu plus tard dans nos ateliers, seront exposées dans l’espace d’Arte Diem,
à Saint-Chamond, à partir du 10 novembre prochain.

Et puis, parce que je reste celle que je suis, et qu’à peine sortie de ma bulle je retrouve mes colères
et mes révoltes face à l’injustice d’un pouvoir qui n’œuvre que pour accroitre toujours plus les inégalités sociales, j’ai envie de partager avec vous ce texte admirable écrit par Lola Lafon et publié dans Libération la semaine dernière.
Il fait écho au thème que nous avons choisi d’explorer durant ces journées d’exploration de la terre,
celui du féminin et du végétal qui se rejoignent dans cette incroyable énergie à inventer la vie.
Alors oui, continuons, insistons, encore
et encore.



Réforme des retraites : Manu ciao?


“Voilà qu’en ce début de printemps, quelque chose survient. Quoi qu’il en coûte, il s’agit d’éteindre ce qui naît. Ce pouvoir aux abois ne sait plus faire que ça.

Tout ne pouvait pas se résoudre à cela, à dresser des listes de ce qui mourrait bientôt, ces listes qu’on finirait par trouver tragiquement poétiques : les tigres de Sunda, les licornes asiatiques et les séquoias géants. Tout ne pouvait pas se limiter à cela, à s’alarmer, à agiter des sonnettes d’alarme.

Tout ne pourra pas se résoudre à ça : à colmater, à réparer.

Nous savons tout de la réparation, nous sommes rompus à nous «acclimater» à ce qui nous détruit. Nous savons les ravages de ce qu’on avale de force, de tout ce qu’on ravale, ce magma de solitudes et d’impuissances. Et on s’y est presque faits, pour ne pas dire résignés, à avoir en commun la peur de faillir, de ne pas tenir, de s’affaisser, la peur de ce qui nous attend, la peur de ce qui ne nous attend plus.

On s’échange les adresses de thérapeutes, des recettes bien-être, on décline les couleurs apaisantes sur les murs de notre appartement. On ne se dit plus au revoir mais «prends soin de toi», comme face à un cataclysme que l’on sait inéluctable.

On s’y est presque faits, à n’être en quête que de ça, dans les amitiés, les voyages, les plantes ou les romans : une réparation. A rechercher en tout de quoi fonctionner encore, à la façon de petites machines tristes et efficaces, vaillantes, beaucoup trop vaillantes. Mais voilà qu’en ce début de printemps, quelque chose survient, qui grippe la machine. Ce quelque chose, dont personne, au moment où j’écris, ne connaît l’issue, est un rappel. Un réveil. Quelque chose a lieu qu’il faudrait se garder de définir, de circonscrire. S’agit-il de questionner la place du travail dans nos vies ? Certainement. S’agit-il d’une conscience inquiète du temps qui nous reste ? Certainement. De ce qu’il faut reprendre, arracher à un capitalisme morbide qui ne sait plus faire que ça, nous inoculer le désir des choses inutiles ? Certainement. S’agit-il de balancer par-dessus bord cette façon que l’on a eue, des années durant, de se définir par le travail, cette question réflexe, quand on se rencontre : et toi, que fais-tu ? Ce marqueur social impitoyable qui exclut de la conversation chômeurs, retraités et tous ceux et celles qui n’ont pas choisi ce qu’ils «font», que leur métier ne définit pas ?

Le «quelque chose» de ce printemps est un mouvement. Mouvement a pour synonymes ardeur, élan, émotion et vie. Si, dans les manifestations, des cortèges se réapproprient le tube de Mylène Farmer Désenchantée, les corps, eux, contredisent ce constat désespéré : les manifestants dansent, ils reprennent l’espace.

L’entrée en force de la danse dans les cortèges n’est pas anecdotique, elle dit, mieux que ne le font les traditionnels slogans syndicaux, la joie de faire corps, de se tenir ensemble, ce désir d’être uni·e·s. «Si je ne peux pas danser, je ne veux pas prendre part à votre révolution», disait Emma Goldman. Cette foule qu’un pouvoir hagard réduit à des chiffres mobilisation en hausse ou en baisse – prend la parole en un surgissement poétique, politique : les pancartes affichent un humour noir, un humour pop, aussi, ces «Manu Ciao», «Femmes : 22 % de retraite en moins et il paraît qu’on chiale pour rien», «Y’a pas de moyens dja dja», «Je ne veux pas mourir sur scène» ou «Moins de flashball et plus de flashdance».

J’aurais aimé pouvoir arrêter ma chronique ici. J’aurais aimé n’écrire que cela. J’aurais aimé ne pas écrire ceci : qu’un manifestant est entre la vie et la mort. Qu’un autre sort à peine du coma. Que d’autres, combien d’autres, ont été mutilé·e·s. Certaines ont subi des violences à caractère sexuel lors d’un contrôle policier. Des centaines ont été arrêtées de façon arbitraire, «préventivement». Quoi qu’il en coûte, il s’agit d’éteindre ce qui naît. Ce pouvoir aux abois ne sait plus faire que ça. Mais comme l’écrit l’Association pour la défense des terres dans une tribune parue le 1er avril : «Les limites planétaires ne sont pas des données que l’on peut mettre à genoux, matraquer, faire rentrer dans le rang ou intimider.»

Sans doute le savent-ils très bien, ceux-là qui ont cru pouvoir résoudre les existences comme autant de fractions : il se passe quelque chose, ce printemps, dans les rues. On y reprend vie. On revient à soi, mais ensemble. On déborde du cadre. Et le printemps a ceci de commun avec la vie : il insiste.


Toutes les photos de cet article ont été réalisées par Chloé Sorbe.



Rencontre

Bientôt. Posted on 19 Mar, 2023 17h42

Deux dates à retenir,
pour échanger autour des pièces auxquelles Sylvie et moi
tenterons de donner corps,
lors de la résidence qui nous a été proposée par l’association Arte Diem.

Vous êtes bienvenus
les jeudi 23 et 30 mars, entre 18h et 20h,
dans les locaux d’Arte Diem,
pour un temps de rencontre et de partage.

Arte Diem,
c’est 5 rue de Bretagne à Saint-Chamond,
dans la Loire.

À bientôt!



Bleu, bleus

Bientôt. Posted on 13 Mar, 2023 11h40

Il ne m’a pas fallu plus de trois pas
pour trouver le bleu.

En quelques jours il s’est glissé dans le vert.
Il fait tache,
appelle nos regards,
nous rappelle au monde et à la possibilité d’un éveil,
d’un réveil…

Dans sa multiplicité
il s’est aussi couché sur le papier.
Devenu livre,
comme les premières fleurs printanières,
il se dévoile.

Conjurer la nuit est un livre d’artiste créé lors de deux ateliers partagés
avec mon amie céramiste et peintre Sylvie Delphaut.
Le sien se nomme Apprivoiser l’abime.
Les deux fonctionnent en miroir, se jaugent et se racontent sans mots.
Ils explorent nos rapports aux profondeurs sans fins,
celles des paysages privés de lumière
et celles des abysses marins.

Ces bleus, multiples, fascinants et difficiles,
nous les avons explorés pendant des jours avant de leur donner corps.

Ces deux livres seront visibles,
parmi de nombreux autres,
à partir du 1er avril, à la médiathèque Jules Verne de la Ricamarie (Loire).

Une bibliothèque bleue, chapitre 4.
Exposition de livres d’artistes, du 1er avril au 13 mai 2023.
Vernissage le 1er avril à partir de 15 heures.



Il est un jour

Tenter de dire Posted on 08 Mar, 2023 12h27

Pour les femmes, pour leurs droits.

Il en a été décidé ainsi.

Un jour pour le souvenir,
comme un bouquet de roses qui viendrait leur dire,
Tu sais je ne suis pas souvent là,
j’ai été dur parfois,
je ne me suis guère préoccupé de nos enfants,

de tes envies ou de ta liberté,
j’ai quand même mieux à faire,
j’ai des responsabilités,
et puis je travaille moi,
je ramène un salaire pendant que tu tricotes,
et puis j’ai besoin d’air, j’ai ma vie à vivre,
et ça suffit à la fin, regarde, je t’ai apporté des roses,
rouges,
un plein bouquet,
tu vois je suis là je pense à toi,
c’est ton jour, ta fête,
ça ne te suffit pas?

Une journée internationale des femmes comme un bouquet de roses reçu en pleine figure.

Et ce jour-là tout le monde s’y met,
et on commémore, et on légifère, et on donne la parole,
et la presse, et l’assemblée, et même le palais n’en finissent pas de se passer le relais.
Car c’est notre journée, la leur,
celle de toutes les opprimées, les violentées, les dominées,
celles qui nettoient soignent et balaient,
celles qui se terrent, celles qui se déguisent en échassier à bec rouge pour mieux exister,
celles qui ont dit non, mais…
celles qui n’ont pas osé,
celles qui ne savent pas même pas qu’elles en ont le droit.

C’est leur jour, le nôtre,
il faut en profiter, ça ne fait que passer.
Demain se sera terminé, les roses rouges seront fanées.

Demain,
elles reprendront leur tablier.

Mon tablier à moi, le voilà.
Presque propre,
il sèche au chaud,
entre deux chantiers.
Entre porcelaine et couleurs sur papier,
sur fils de laine, de soie et de coton,
entre deux recherches, deux explorations.

Aujourd’hui c’est sa fête,
la fête des tabliers qui vivent et m’accompagnent
dans ma vie de femme qui, aux roses rouges, préfère les mauvaises herbes,
les fleurs des champs,
celles qui poussent en liberté,
loin des canons et des poisons.

Demain, ce sera sa fête aussi, et puis après-demain.
Il reprendra le chemin des taches bariolées,
tentera avec moi d’inventer des parcelles de vie,
de lumière.

Alors,
bonne fête aux tabliers!



En attendant…

Bientôt. Posted on 23 Fév, 2023 10h36

le printemps,
et ce temps de résidence partagée,
qui approche,
et dont, lentement, je m’approche.

M’approcher de ce temps de création particulier,
(rares sont les occasions de travailler à deux,
rares également celles de le faire ailleurs que dans cette bulle qui est mon atelier,
rare enfin, pour moi, celle de me dédier toute entière à la terre),
c’est non seulement commencer à y penser,
à tenter d’anticiper nos besoins,
les directions que nous choisirons de prendre,
ou pas,
mais c’est aussi, d’une certaine manière,
commencer à faire germer des graines.

Des graines de lin, de muscari, endormies,
mais surtout des graines d’idées, d’envies.
Les poser dans des carnets, les voir évoluer,
et pour cela commencer à expérimenter.

Quelle joie, toujours, que celle de l’expérimentation.
Essayer, rater, chercher, tenter et retenter,
rater encore avant de voir apparaitre
l’esquisse d’un chemin sinueux et fugace.

Végétaux et porcelaine papier,
pour un premier temps d’essais.
Créer ainsi un alphabet fragile, sans savoir ce qu’il adviendra de ces merveilles,
sans savoir encore comment leur donner sens,
comment les faire exister au delà des “jolies petites choses” qu’à ce stade, elles sont.

Comment les relier au fil que Sylvie et moi
tenterons de suivre et de tisser tout au long de cette résidence,
un fil nourri de gestes, de savoir-faire et de réflexions,
nourri aussi de notre vécu, de nos mémoires,
de nos ressentis et de nos émotions.

Nous aborderons cette expérience en pensant
à ce qui pousse à l’ombre et dans le silence du ventre de la terre,
et du ventre des femmes.

À suivre…



Une résidence

Bientôt. Posted on 18 Jan, 2023 11h09

L’association Arte Diem, dédiée à la pratique de la céramique
et installée à Saint-Chamond, dans la Loire,
m’a invitée à résider quelques temps en ses locaux,
au fil de l’année 2023.

Ainsi, tout au long de cette année,
j’interviendrai de manière ponctuelle auprès des adhérents
qui chaque semaine viennent travailler la céramique,
mais aussi dans deux classes d’une école du quartier.

En mars, mon amie Sylvie Delphaut, céramiste à Toulouse,
me rejoindra pour un temps de travail à quatre mains.

Ce sera l’occasion pour nous de dialoguer
avec la terre en guise de mots,
de jouer de nos différences mais aussi de ce qui nous lie,
autour du thème de la fécondation, de la germination,
de la puissance de vie du féminin en écho à celle du végétal.

Ce travail donnera lieu à une exposition (en fin d’année),
mais également à une vidéo, une expo photos et un catalogue,
puisque nous serons accompagnées à l’occasion par une photographe et un vidéaste.

L’inauguration de cette résidence aura lieu ce vendredi 20 janvier,
dès 18 heures, dans les locaux d’Arte Diem à Saint-Chamond.


Nous présenterons, Sylvie et moi, une petite exposition
rétrospective de notre travail ainsi que d’un diaporama,
qui donneront un aperçu de notre parcours.

Patricia Pichon, la présidente de l’association,
ainsi que sa directrice, Nadège Vidal, et toute l’équipe d’Arte Diem
seront heureux de vous accueillir à cette occasion.

À bientôt?



L’uniformisation

Tenter de dire Posted on 16 Jan, 2023 15h14

Uniformiser donc.
Les minots, les plus grands,
pour gagner des sous, pour gagner du temps…

Imaginons la joie de maman et papa le matin,
et la joie des enfants.
Plus besoin de penser, de réfléchir,
à comment se vêtir.
Non, là au pied du lit,
tous les matins de la même vie,
la même tenue, les mêmes habits,
pour tous les jours et tous les enfants d’un pays.

Vous imaginez? Le gain d’espace de temps d’argent de liberté d’égalité ?

Vous imaginez le bonheur de ne plus avoir à penser à comment se fringuer ?
Donc à comment se dire,
comment se raconter,
comment exprimer qui on est,
comment crier sa singularité, sa différence, son unicité.

Plus de temps perdu à inventer, à s’inventer,
plus d’argent perdu à tenter d’exister avec qui on est,
avec qui on veut être,
même plus besoin de respirer.

Oublions tout cela,
ils ont pour nous l’uniforme solution,
un pour tous et tous le même.
Et pourquoi pas un pyjama rayé ?

Et on nous dit que cela gommerait les disparités
sociales, économiques, religieuses!
Les riches en seraient donc moins riches, les pauvres moins pauvres,
les croyants moins croyants ?

Ils savent que c’est pour notre bien,
ils ont connu cela, et ils n’en sont pas morts.
Ils savent si bien ce qu’il nous faut,
ce dont on a besoin.

Alors Madame l’épouse de,
et Messieurs Dames en bleu foncé cravate et tailleur ajustés,
je réponds à votre appel d’offre.

Une tenue pour jeune fille,
une pour jeune garçon,
confortables et pas tristounes.
Idéales pour la pratique du sport comme pour celle de la dictée (c’est économique),
avec des références à Henri Matisse et à Yves Klein (c’est artistique),
mais également au monde du travail (car faudrait pas croire qu’on est là pour chômer),
un petit nombril aéré, pour l’uniformité (tout le monde a un nombril, alors pourquoi le cacher ?),
quelques rayures pour mémoire,
et avec ça, interchangeables!

On s’y met ?
À réfléchir, ou à uniformiser le monde?



C’est parti

Comme ça... Posted on 03 Jan, 2023 17h27

Le compteur des jours est à zéro.

Les couleurs s’en fichent pas mal, des jours,
elles ne comptent pas, les couleurs,
ou si peu.

C’est comme certain président qui découvre soudain,
à l’aube de 2023,
que la terre se réchauffe.
Si on nous avait dit que ce président ne savait pas lire
(les rapports du GIEC entre autres),
qu’il ne savait pas voir,
ni entendre,
si on nous avait dit qu’il ne savait que compter,
alors peut-être qu’aujourd’hui il ne serait pas là
à nous dire qu’il ne savait pas.

Les couleurs, donc,
si loin du président,
si loin des costumes bleus sombres,
si loin des tailleurs pour dames qui ne sont autres que des costumes bleus sombres,
si loin de la vie dont on veut nous faire croire qu’elle est la vie.

Moi je ne m’en fiche pas des couleurs,
Je les aime parce qu’elles sont justement la vie,
dans leurs plus fines et infinies nuances.

Elles sont tout le contraire de ce monde binaire,
de soi-disant gentils,
de soi-disant méchants.
Les gentils blancs riches, avec qui nous serons gentils,
les méchants noirs pauvres, avec qui nous serons toujours plus méchants,
parole de ministre (gentil ?méchant ?) qui vit le monde en noir et blanc.

Belle année 2023,
en couleurs,
à l’infini.







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