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Gaëlle Boissonnard, un peu plus loin...

Dehors dedans

Comme ça... Posted on 04 Mar, 2024 11h27


Un regard

En cours Posted on 27 Fév, 2024 15h06

J’ai toujours aimé glaner.
Graines, brindilles et cailloux,
des choses jolies qui m’accompagnent.
Des traits d’union, entre moi et le reste du monde,
d’un monde.
D’un monde qui est le nôtre,
intimement,
et qui pourtant ne ressemble pas à celui qui nous est montré au quotidien,
comme étant le monde.

Celui auquel je me relie
est un monde loin des armes et des marchés financiers,
loin du mépris et du pouvoir,
loin de la folie des hommes.

Mon regard se promène dans ces espaces calmes,
et vivants.

Je glane.
Je regarde, imagine, projette,
à la recherche de végétaux en attente d’un cycle nouveau,
mais aussi, sans doute, en quête d’un refuge.

Dans ces moments je respire.

Depuis quelques mois je récolte des végétaux de toutes sortes,
pour nourrir encore mes recherches avec la porcelaine-papier.
Je collecte aussi des rebuts, des déchets,
des matériaux conçus et fabriqués pour finir leur course à la poubelle,
et ça ne manque pas.

En tête et dans les mains,
un projet d’expo pour l’automne prochain…

J’y reviendrai.


En attendant, je viens de terminer de nouvelles illustrations,
pour étoffer les collections de ma maison d’édition, Aquarupella,
mais aussi celles d’Édition minuscule,
ma petite production de papeterie auto-éditée,
qui poursuit son bout de chemin.

Ainsi, deux cartes qui reprennent des dessins de mes carnets,
mais aussi un ensemble de huit nouvelles images, Les envolées,
que j’espère pouvoir proposer dès qu’elles seront imprimées!

Vous pouvez les retrouver ici, chez Papiers et cie.

Belle journée!



Sérieusement

Tenter de dire Posted on 19 Jan, 2024 16h15

On peut se demander.

Je me demande, moi,
si tout cela est bien sérieux.

S’ils sont sérieux ceux qui pensent l’être,
ceux qui pensent penser bien, penser mieux, penser juste,
ceux qui pensent pour les autres.

Pour nous.

Les mouvements de leurs bras,
la gravité de leurs regards,
de leurs voix,
sont étudiés, travaillés,
pour qu’on les croie.

Qu’on les croie sérieux, responsables,
puisqu’ils décident ce qui est bien pour nous,
puisqu’ils le savent mieux que nous le savons.

Ils seraient donc nos pères, nos mères,
nous leurs enfants inconséquents.

Mais les enfants,
ne sont-ils pas plus sérieux que ces “grands” qui font de nous leurs poupées de papier?
Plus sérieux que ces “grands” qui jouent au roi ou aux marchands,
qui jouent à l’école,
qui jouent à la guerre avec des soldats de chair et de sang,
avec des enfants de chair et de sang,
qui jouent aux puissants.

Je porte en moi ce double handicap,
je n’ai jamais été “grande”,
et je suis une femme.

À leurs yeux, plus encore que tout autre,
je ne suis pas sérieuse,
pas capable de comprendre le monde,
de le guider,
pas capable de savoir ce qui est important et ce qui ne l’est pas.

Pourtant,
c’est peut-être parce que je suis une femme,
que je connais la préciosité et la valeur de la vie,
de chaque vie, quelle qu’en soit sa couleur.

Cette vie que j’ai donnée, créée, nourrie,
sans obéir à une quelconque injonction à pondre,
à peupler, à repeupler,
à regarnir les garnisons et les viviers d’esclaves et de petits robots.

Il serait temps,
enfin,
de considérer la vie,
les vies.

Les vies multiples et infinies,
uniques, singulières,
chaudes et douces de peaux, de rage et de rires profonds,
fragiles et furieuses, folles, tendres et lumineuses,
déglinguées, abimées, constructives, appliquées, raisonnables ou déjantées,
mais vivantes,
et de toutes les couleurs.

Les couleurs existent,
elles font le monde comme nous le faisons,
elles se déclinent en milliers de nuances,
comme nous.

Ne fermons pas les yeux sur leur infinie diversité.

Refusons la monochromie imposée
aux enfants comme aux idées.

Uniformiser les enfants “n’effacera” pas leurs douleurs et leurs peines,
leur lucidité, leur soif de se dire et d’exister.

Refusons d’armer nos ventres et nos pensées,
refusons la peur et ceux qui la fabriquent,
refusons les chants de guerre dans la bouche des marmots,
refusons le bleu marine sur leur peau,
sur la nôtre, et dans nos cerveaux.

Que cette année soit celle de la multiplicité des couleurs,
mélangées, conjuguées, métissées.
Qu’elle soit une année bariolée, désarmée,
féminisée!

À nous.
Belle année!



Accessoire

Tenter de dire Posted on 26 Déc, 2023 17h36

“Qui vient avec ou après ce qui est principal, essentiel”

“Qui s’oppose à la chose principale dans une étroite dépendance”

“Femme”

Petit bonheur du jour.
En travaillant, écouter sur une radio publique la rediffusion d’une émission
enregistrée il y a une dizaine d’années.
Cette émission, qui donne la parole à trois “grands” de la chanson française
(Clerc, Le Forestier, Souchon)
fait écho à une autre, bien plus ancienne
et autrement plus connue,
qui vit se réunir pour la première fois autour d’une table
Brel, Brassens, Ferré.

Ils sont là, ils parlent,
les trois d’hier puis les trois d’avant-hier,
les trois vivants invités à poursuivre les réflexions des trois disparus.

Quand vient la question des femmes,
de la femme,
car dans l’ombre ça existe ces petites choses-là.

Certains diront,
“pas des bonnes-femmes non,
il ne faut pas dire ça”.

Merci.

Pour le reste,
accessoire,
ce n’est sans doute que ça,
une femme.

Je ne cesserai pas d’aimer les chansons de Brel et de Brassens,
ni de les écouter.

Mais quand cesserons-nous d’être considérées
comme des objets d’usage,
comme des accessoires,
comme “ce qui vient après ce qui est essentiel, principal”?

À écouter celui qui se prend pour notre Roi,
à écouter certains monstres
que seuls d’aussi monstrueux qu’eux sacralisent encore,
ce n’est pas pour demain.



La métamorphose

Bientôt. Posted on 11 Déc, 2023 16h44

Toute fin d’été.
Des grappes de tomates,
vertes,
qui ne mûriront plus.

Cueillies,
posées là dans un coin d’atelier,
et retrouvées.

Rouges.

La magie des couleurs opère aussi dans le silence et dans l’oubli.

C’est cette magie, cette joie de la transformation
que j’essaie de partager lors de mes stages.

Je vous en propose un nouveau,
toujours sur le thème de la cuisine des couleurs.
Il aura lieu à Arte Diem au mois de janvier prochain.

Plus d’informations ici, et là!

À bientôt?



En préparation

Bientôt. Posted on 22 Nov, 2023 11h36

Je participerai, début décembre,
au deuxième salon organisé par l’association Les mécrééencres,
autour de l’impression et de l’illustration.

Couleurs, papiers perdus, tampons…
Un joli mélange qui m’éloigne pour un temps de la terre,
me ramène à la douceur du papier, à la joie de la couleur,
à la surprise du dessin.
J’aime l’alternance!

Le salon Fête impression ,
marché des métiers de l’encre et de l’illustration
aura lieu à la bourse du travail de Saint-Étienne,
les 2 et 3 décembre prochains.

À bientôt?



Marcottes

En cours Posted on 20 Nov, 2023 11h29

Un tige, une branche, un rameau,
qui, se posant au sol,
prend racine,

D’infinis petits ponts entre l’air et la terre,
entre le dessus et le dessous.

La vie qui se multiplie.

Un duo de marcottes créé lors de notre résidence.
Sylvie a réalisé la grande, engobée de couleurs,
et moi la petite, texturée et engobée de porcelaine,
sur laquelle d’autres minuscules marcottes textiles ont choisi de pousser.
Ce premier duo a donné naissance à d’autres pièces,
créées dans leur prolongement, dans nos ateliers.
(photos ci-dessus et ci-dessous)

À voir, dans notre exposition de fin de résidence Le ventre de la terre.
Arte Diem, Saint-Chamond. Jusqu’au 8 décembre 2023.



Rouge

Bientôt., Tenter de dire Posted on 07 Nov, 2023 12h05

Ici,
le soleil,
et l’ombre des dernières feuilles,
dansent avant de rejoindre la terre.

Caresses d’air et de lumière,
papier de chair et de sang.

Derniers préparatifs avant l’accrochage de notre exposition de fin de résidence.

Le ventre de la terre,
Gaëlle Boissonnard et Sylvie Delphaut.

Ce sera à Arte Diem
5 rue de Bretagne à Saint-Chamond (Loire).
Du 10 novembre au 8 décembre 2023.

Ouverture du lundi au samedi de 14h à 18h,
et les dimanches 12 et 26 novembre, de 14h à 18h.

Vernissage ce jeudi 9 novembre à 18h30.

À bientôt?

Et puis,
parce que je suis plus que jamais convaincue que se taire ne sert à rien,
sinon, parfois, à être complice du pire,
je me suis associée à cette Tribune des acteurs et actrices de la scène culturelle française
pour la défense de la Palestine.



Ombres fertiles

Bientôt. Posted on 29 Oct, 2023 15h04

Bandes de gaze d’un autre temps,
tissu de mouchoirs au kilomètre,
teint et reteint.
Un symbole, celui du soin, du prendre soin,
celui d’un passage du dedans au dehors,
du donner corps à l’invisible.

Table de travail encombrée de ces choses inlassablement glanées,
inlassablement transformées.
Bobines et brindilles, vêtements recyclés jusque dans leur plus petite miette.
Fragments de fil et de textile comme autant de strates de couleurs qui se recréent à l’infini
sous l’aiguille de la machine.
Et de la porcelaine encore, et du fil de soie rouge,
celui de l’araignée blessée,
de la mémoire des passementiers.

Un travail qui se termine.
Depuis quelques mois, je poursuis dans l’atelier les pièces imaginées
et créées lors de la résidence que nous avons pu mener, Sylvie Delphaut et moi,
au printemps dernier dans les locaux d’Arte Diem,
centre de céramique à Saint-Chamond (Loire).

Cette résidence a été réalisée en plusieurs phases (temps de travail dans les ateliers d’Arte Diem,
mais aussi interventions auprès des adhérents de l’association, auprès de scolaires,
présentation de nos démarches au public…).
Nous arrivons au bout, avec la finalisation et la présentation de nos pièces
et de ce travail de recherche qui nous a offert la possibilité d’explorer de manière plus intime
et plus profonde le lien que nous entretenons chacune avec la céramique,
mais aussi le langage qui peut en découler.

Trois dates à retenir, pour clore cette belle aventure.

• Du 10 novembre au 8 décembre
Exposition Le ventre de la terre à Arte Diem.
Vernissage le jeudi 9 novembre à 18h30.
Elle sera accompagnée par les photos réalisées lors de la résidence par Chloé Sorbe,
et par un aperçu du film réalisé à la même occasion par Baptiste Deyrail.
Plus d’infos ici.

• Le 17 novembre à 19h,
salle Roger Planchon à Saint-Chamond,
une soirée films/céramique.
4 films seront présentés, témoins de précédentes résidences,
mais aussi celui réalisé lors de notre résidence par Baptiste Deyrail.
Pour réserver une place, c’est ici.

• Les 24, 25 et 26 novembre,
pour boucler cet enrichissant partenariat avec Arte Diem,
j’animerai un stage pour adultes.
Il ne s’agira pas de céramique mais de peinture,
de couleurs, de nuances, de motifs et de textures…
Pour en savoir plus, c’est ici


À bientôt?



Ce qui se cache

Tenter de dire Posted on 24 Oct, 2023 13h07

Il n’est jamais assez de murs, de cloisons, de strates de feutre, de laine, de coton,
pour se protéger de la furie des hommes.
Jamais assez de mains sur les oreilles pour s’isoler d’un tumulte que l’on voudrait faire taire.

Dans l’atelier, je choisis souvent le silence.
Pas de musique, si ce n’est celle de la pluie, du vent, des oiseaux, du trottinement des souris.

Posées là,
des bulles de porcelaine-papier teintée de chair et de sang,
des lambeaux de peau protectrice, de minuscules objets de soin.
Une fois encore, créer des passerelles entre la terre et d’autres matériaux
fragiles et périssables; textile récupéré, fil, végétal, papier.

Réfléchir à ce qui se cache, dessous,
sous la peau de porcelaine blessée.

Il y a ce qui se voit et ce qui se terre.
Il y a ce qui ne paraitra jamais et il y a ce qui suinte.
Il y a la douleur des femmes, de toutes les femmes en moi.

Il y a aussi ce cri que je ne parviens pas à faire taire,
et qui rompt le silence que j’ai pourtant choisi.
C’est un cri incessant, c’est du bruit,
un boucan de gravas, de larmes, d’injustice infinie.

C’est le bruit des hommes qui cassent le monde en petits morceaux.

Cette question de la paix, de la volonté de la paix, me taraude.
Elle parasite mes pensées et mon travail, mes jours, mes nuits.
Elle gonfle ma colère.

Je ne veux plus croire, comme on me l’a trop souvent donné à croire,
que c’est une question naïve, enfantine, que celle de la paix.
Que celles et ceux qui se la posent ne comprennent rien au monde des “grands“.
Ces dominants,
qui dirigent, ordonnent, organisent à l’image de leurs pulsions mortifères
nos civilisations.

Ce que me révèle cet état du monde,
c’est que ceux qui se croient grands et forts
ne la désirent pas,
la paix.
Ils n’en ont que faire.

Ils ne sont peut-être simplement pas capable de l’imaginer,
pas plus qu’ils n’imaginent la singularité de chaque vie qu’ils anéantissent.

Des vies d’enfants, d’hommes, de femmes,
des vies d’arbres et d’animaux multiples,
la vie des vivants qui peuplent la terre.

Nous si nombreux, si nombreuses,
qui l’avons, cette imagination.
Nous qui chaque jour créons la vie, la possibilité de la vie,
nous qui en prenons soin, qui l’élevons, la cultivons,
il serait peut-être temps de faire entendre notre voix,
non?



Photos: Chloé Sorbe et Gaëlle Boissonnard
Sculptures en porcelaine-papier et textile, créées lors de notre résidence
à Arte Diem
, en avril 2023.
Exposition du 10 novembre au 8 décembre 2023.



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