Quel lien? Entre un parasol chinois ancien, bambou et papier huilé, rafistolé,
un brin de nuancier,
un nuage minuscule,
des pots et des galets, porcelaine et grès en attente d’un voyage à 1260 degrés,
et de la couleur encore, du papier…
Quel lien, si ce n’est, celui, ténu, de la poésie qui les unit? Un fil de soie qui vole dans le vent frais de cet été, pour réunir ce qui me plait, et que je présenterai samedi 19 août prochain, dans le cadre du Marché local et pas banalqui aura lieu à Pélussin, au cœur du Parc régional du Pilat, dans la Loire.
Je serai heureuse de vous y rencontrer, à partir de 10h et jusque 19h.
Un peu plus au sud, au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), dans la jolie boutique Souzani, J’expose une petite série de sculptures en grès et porcelaine, habiter les nuages.
Besoin d’air sans doute, et de m’inventer des refuges loin de ces humains qui préfèrent l’accaparement à la vie.
Juste quelques pas à faire, une fois passée la porte de l’atelier pour trouver des plantes et des fleurs qui soignent et qui se mangent.
Fascinée par leur présence et leur étrange beauté, je ne peux pas m’empêcher de les saisir avec ma boîte à images, de les garder dans un coin de mon antre, pour les jours de froid peut-être, et pour le plaisir de les partager . (c’est plus beau qu’une guerre, qu’un Jet ou qu’une robe à paillettes non? C’est surtout tellement plus vivant)
Aussi les plantes, les végétaux, me suivent partout dans mon travail. Jusque dans les textiles que j’utilise, lins, chanvres et cotons élimés, jusque dans la terre dans laquelle je les trempe, les imprime, jusque dans mes dessins, presque toujours.
Ici, les détails d’une installation réalisée pour un hall d’immeuble de la ville de Saint-Chamond, dans la Loire. Il s’agit d’une commande de l’association Arte Diem pour Habitat et métropole. Une dizaine de fresques ont été réalisées par autant de céramistes professionnels dans le cadre de la rénovation d’un ensemble d’immeubles de logements sociaux.
J’ai choisi de travailler non pas sur une fresque conventionnelle composée de carreaux assemblés, mais sur un ensemble de plaques murales collées sur un mur peint en vert argile. Chacune fonctionne de manière isolée, comme un tableau, raconte sa propre histoire, tout en faisant écho à ses voisines. Le fil conducteur qui créé la cohésion de l’ensemble au delà de leurs formes et du mouvement qu’elles installent, est fait de ces petites choses dont l’humain a oublié la préciosité et l’importance. La vie végétale et animale qui nous entoure et qui fourmille sous nos yeux aveugles, indispensable à la survie de notre espèce.
Archipel. Ensemble de 70 plaques de grès engobées, émaillées et illustrées de collages de décalcomanies céramique réalisées à partir de mes dessins et de planches botaniques anciennes.
Et plus beau encore que n’importe quel dessin, consoude et nigelle, les couleurs du printemps.
Car tout objet de papeterie, carte, carnet, est précédé de ce chemin fait de recherches, de doutes et de ratés, de renoncements (et donc de piles d’essais colorés et de papiers gouachés relégués au sommeil), mais aussi de travail, de trouvailles et de joies.
Il est si facile d’imaginer “l’artiste” dans son atelier, main au front en train de créer. L’inspiration viendrait de la lumière, elle jaillirait comme l’eau sur le papier, et l’illustratrice éclairée produirait sans relâche et sans efforts, comme la poule au poulailler, des œufs d’or que chacun(e) pourrait s’approprier, transformer, cuisiner, pour les faire fructifier.
Difficile de lutter contre cette idée et contre cette tendance sans doute profondément humaines.
Moi j’ai envie de partager mon travail, de manière juste, de lui donner un sens qui ne soit pas que lucratif, de continuer à trouver en moi les moyens d’inventer un peu de beauté sans être instantanément considérée comme une pondeuse ou une vache à lait. Besoin, comme toutes et tous, d’être respectée, dans ce que je suis, dans ce que je fais, sans avoir à me battre en permanence pour cela.
Ce n’est pas simple, et c’est pourquoi mon Édition minuscule est née. Je n’en parle pas beaucoup ici, elle continue pourtant son bout de chemin, de caillou en caillou.
En attendant d’étoffer mes collections de nouvelles illustrations, celles qui existent déjà sous forme de cartes et de carnets sont désormais en vente en ligne sur le site de Papiers et compagnie.
Deux semaines, c’est bien court pour parcourir la terre, l’explorer dessus, dessous, dedans, au creux de ses recoins cachés.
Deux semaines dans une bulle hors du temps, à parcourir de nos doigts et de nos doutes l’idée de l’ombre fertile, du ventre qui protège, qui enfante comme la terre offre ses replis aux graines, aux racines, aux rhizomes, aux germes oubliés, pour couver la vie, la soigner, la protéger, l’inventer.
Ces deux semaines de création et de bonheur dans la lumière d’un immense atelier nous ont été proposées par l’association Arte Diem, qui œuvre pour le partage et la reconnaissance de la création céramique depuis plus de trente ans. Merci à toutes celles et ceux qui nous ont accueillies et accompagnées joyeusement durant ces 16 journées de création.
Merci également à Chloé Sorbe, pour les très belles photos réalisées pendant ce temps de résidence.
Les pièces réalisées pendant la résidence, qui seront sans doute complétées par d’autres que nous réaliserons un peu plus tard dans nos ateliers, seront exposées dans l’espace d’Arte Diem, à Saint-Chamond, à partir du 10 novembre prochain.
Et puis, parce que je reste celle que je suis, et qu’à peine sortie de ma bulle je retrouve mes colères et mes révoltes face à l’injustice d’un pouvoir qui n’œuvre que pour accroitre toujours plus les inégalités sociales, j’ai envie de partager avec vous ce texte admirable écrit par Lola Lafon et publié dans Libération la semaine dernière. Il fait écho au thème que nous avons choisi d’explorer durant ces journées d’exploration de la terre, celui du féminin et du végétal qui se rejoignent dans cette incroyable énergie à inventer la vie. Alors oui, continuons, insistons, encore et encore.
Réforme des retraites : Manu ciao?
“Voilà qu’en ce début de printemps, quelque chose survient. Quoi qu’il en coûte, il s’agit d’éteindre ce qui naît. Ce pouvoir aux abois ne sait plus faire que ça.
Tout ne pouvait pas se résoudre à cela, à dresser des listes de ce qui mourrait bientôt, ces listes qu’on finirait par trouver tragiquement poétiques : les tigres de Sunda, les licornes asiatiques et les séquoias géants. Tout ne pouvait pas se limiter à cela, à s’alarmer, à agiter des sonnettes d’alarme.
Tout ne pourra pas se résoudre à ça : à colmater, à réparer.
Nous savons tout de la réparation, nous sommes rompus à nous «acclimater» à ce qui nous détruit. Nous savons les ravages de ce qu’on avale de force, de tout ce qu’on ravale, ce magma de solitudes et d’impuissances. Et on s’y est presque faits, pour ne pas dire résignés, à avoir en commun la peur de faillir, de ne pas tenir, de s’affaisser, la peur de ce qui nous attend, la peur de ce qui ne nous attend plus.
On s’échange les adresses de thérapeutes, des recettes bien-être, on décline les couleurs apaisantes sur les murs de notre appartement. On ne se dit plus au revoir mais «prends soin de toi», comme face à un cataclysme que l’on sait inéluctable.
On s’y est presque faits, à n’être en quête que de ça, dans les amitiés, les voyages, les plantes ou les romans : une réparation. A rechercher en tout de quoi fonctionner encore, à la façon de petites machines tristes et efficaces, vaillantes, beaucoup trop vaillantes. Mais voilà qu’en ce début de printemps, quelque chose survient, qui grippe la machine. Ce quelque chose, dont personne, au moment où j’écris, ne connaît l’issue, est un rappel. Un réveil. Quelque chose a lieu qu’il faudrait se garder de définir, de circonscrire. S’agit-il de questionner la place du travail dans nos vies ? Certainement. S’agit-il d’une conscience inquiète du temps qui nous reste ? Certainement. De ce qu’il faut reprendre, arracher à un capitalisme morbide qui ne sait plus faire que ça, nous inoculer le désir des choses inutiles ? Certainement. S’agit-il de balancer par-dessus bord cette façon que l’on a eue, des années durant, de se définir par le travail, cette question réflexe, quand on se rencontre : et toi, que fais-tu ? Ce marqueur social impitoyable qui exclut de la conversation chômeurs, retraités et tous ceux et celles qui n’ont pas choisi ce qu’ils «font», que leur métier ne définit pas ?
Le «quelque chose» de ce printemps est un mouvement. Mouvement a pour synonymes ardeur, élan, émotion et vie. Si, dans les manifestations, des cortèges se réapproprient le tube de Mylène Farmer Désenchantée, les corps, eux, contredisent ce constat désespéré : les manifestants dansent, ils reprennent l’espace.
L’entrée en force de la danse dans les cortèges n’est pas anecdotique, elle dit, mieux que ne le font les traditionnels slogans syndicaux, la joie de faire corps, de se tenir ensemble, ce désir d’être uni·e·s. «Si je ne peux pas danser, je ne veux pas prendre part à votre révolution», disait Emma Goldman. Cette foule qu’un pouvoir hagard réduit à des chiffres mobilisation en hausse ou en baisse – prend la parole en un surgissement poétique, politique : les pancartes affichent un humour noir, un humour pop, aussi, ces «Manu Ciao», «Femmes : 22 % de retraite en moins et il paraît qu’on chiale pour rien», «Y’a pas de moyens dja dja», «Je ne veux pas mourir sur scène» ou «Moins de flashball et plus de flashdance».
J’aurais aimé pouvoir arrêter ma chronique ici. J’aurais aimé n’écrire que cela. J’aurais aimé ne pas écrire ceci : qu’un manifestant est entre la vie et la mort. Qu’un autre sort à peine du coma. Que d’autres, combien d’autres, ont été mutilé·e·s. Certaines ont subi des violences à caractère sexuel lors d’un contrôle policier. Des centaines ont été arrêtées de façon arbitraire, «préventivement». Quoi qu’il en coûte, il s’agit d’éteindre ce qui naît. Ce pouvoir aux abois ne sait plus faire que ça. Mais comme l’écrit l’Association pour la défense des terres dans une tribune parue le 1er avril : «Les limites planétaires ne sont pas des données que l’on peut mettre à genoux, matraquer, faire rentrer dans le rang ou intimider.»
Sans doute le savent-ils très bien, ceux-là qui ont cru pouvoir résoudre les existences comme autant de fractions : il se passe quelque chose, ce printemps, dans les rues. On y reprend vie. On revient à soi, mais ensemble. On déborde du cadre. Et le printemps a ceci de commun avec la vie : il insiste.”
Toutes les photos de cet article ont été réalisées par Chloé Sorbe.
De la lumière, de l’ombre, des reflets verts, mousse, pré ou lichen, verts subtils et infinis, qui piquent, accueillent, nourrissent, protègent ou rafraichissent.
Verts oubliés par trop d’humains pressés, relégués à l’inutile, à la futilité, à la promenade du dimanche… On respire, c’est si doux, mais c’est déjà fini.
Verts d’un monde qui s’éteint, et que j’ai eu envie de décliner, là, en nuancier de l’herbe et des feuilles, en figures féminines et végétales, nées de rebuts textiles, et pourvoyeuses de vie, de soin, de poésie.
Et puis, en écho, des graines, cinquante collections de graines.
Vous n’avez pas pu vous déplacer? Alors entrez!
Poussez la porte, avancez vous, Ouvrez les yeux, les mains.
Avec délicatesse, tiroir après tiroir, découvrez les trésors que recèle ce précieux grainetier.
Graines Des graines de joie légère, ou de colère, des petits grains de trois fois rien, semences précieuses, sauvages ou raffinées, secrètes ou exhibées, coquilles ouvertes, coquilles fermées. Des fragments rassemblés, bouts de terre, de fils emmêlés, bouts de chair.
Des germes sans menace, sinon celle de la vie des femmes et de ce qu’elles ont dans les mains : l’infini pouvoir de soigner, d’éveiller, de créer, d’élever.
Femmes qui inventent, protègent et multiplient la vie, cette vie que d’autres s’obstinent méthodiquement à détruire.
Modelées, brodées, pliées, gravées, tournées, illustrées, cousues, soufflées, découpées, frappées, imprimées, ciselées, feutrées… ces graines ont été créées par cinquante femmes qui se sont prêtées au jeu de donner corps et cri à ce précieux symbole.
Présentées dans les tiroirs d’un meuble de métier ancien, à la manière d’un conservatoire symbolique des énergies créatrices féminines, elles sont autant d’œuvres minuscules de porcelaine, de grès, de textile, de feutre, de métal, de brindilles, de nacre, de lino, de papier…
De haut en bas, Gaby Matrioshka, Catherine Herbertz, Ségolène Géry, Bertille Derail, Sylvie Delphaut, Agnès His et Odile Viallon, Sandra Coelho, Delphine Caraz.
Un court aperçu des œuvres minuscules qui sommeillent à l’ombre de leurs tiroirs de bois, et se dévoilent à celles et ceux qui, avec patience et gourmandise, font le trajet de les découvrir.
L’exposition Fertile, et l’installation Graines sont encore en place jusqu’au 30 septembre. (jusqu’à midi pour les graines, jusqu’à 18 h pour le reste de l’exposition). Pour rappel, les horaires de la médiathèque sont :
Et comme les expositions se suivent et entrent parfois en collision…
Je participe, cette année encore, à l’exposition collective Éphéméride, avec une série de douze muraux en céramique, au format 20×20 cm.
J’ai travaillé cette année en pensant à ceux qui restent. Aux femmes, aux mères, aux frères qui attendent, qui listent et empaquètent tabac, saucisson, coquillettes, comme ma grand-mère l’a fait durant onze années de sa vie. Pour ses fils enrôlés de l’autre côté de la mer, pour son mari soldat sans doigts, prisonnier au bout du monde, là où aujourd’hui une autre sinistre et stupide guerre se joue.
Petits soldats de plomb, humains de rien du tout, il faut bien que les grands s’amusent, de ces corps, de ces vies, de ces pions, de ces hommes qui aiment et qui respirent, qui ont peur, qui obéissent, qui tuent ou ne tuent pas, qui brûlent leurs bras pour ne pas trahir leur pays, ce pays qui les a envoyé là-bas, se faire stratégiquement dézinguer, par d’autres pions armés.
C’est un carnet trouvé et datant de 1917 qui m’a accompagnée dans cette envie et cette idée. Dedans, des brouillons de lettres adressées à un frère envoyé “faire la guerre”, et des listes numérotées, Chocolat, conserve de lapin, de faisan, chaussettes et cigarettes… une vie entre les lignes, celle de ceux qui restent. Comme des pointillés entre la guerre du jour et celle d’il y a un siècle, qui me racontent qu’il y aura toujours des hommes pour jouer à la guerre, avec la vie d’autres hommes, et qu’il y aura toujours des femmes, des mères, des sœurs, des frères, pour les attendre.
Vous souhaitez que l’on s’y rencontre? Je serai présente samedi 1er octobre, entre 15h et 17 heures, et dimanche 9 octobre entre 16h et 19H.
C’est une exposition, comme un nuancier, de verts en camaïeu, de verts teints, peints, cousus, brodés, profonds ou légers, de verts printemps, eau dormante ou scarabée.
Un nuancier qui déclinerait en couleurs et en matières la puissance de vie et l’énergie créatrice des femmes, en écho à celles du monde végétal.
Du papier, du textile, et une histoire de rebuts auxquels je donne corps, de fragments de mémoires que je rassemble, relie et assemble sans fin, pour ne pas perdre, et pour ne pas me perdre.
Fertile, c’est une exposition qui commence aujourd’hui dans la lumineuse galerie de la médiathèque Jules Verne, à La Ricamarie (Loire).
Le vernissage a lieu ce vendredi 9 septembre, à 18h30
Au sein de l’exposition, une installation, Graines, présente dans un ancien meuble de métier les collections d’œuvres de tout petits formats de cinquante femmes, plasticiennes, céramistes, illustratrices, bijoutières, feutrière, graveuse… que j’ai réunies pour l’occasion.
En écho au thème de la fertilité, ce sont autant de perceptions, de savoir-faire, d’histoires et de sensibilités qui ont donné naissance à cinquante collections de graines.
Un évènement permettra de rencontrer la plupart des créatrices et de découvrir l’ensemble de toutes les collections imaginées et conçues pour l’occasion. Il aura lieu le vendredi 16 septembre à 18h30.
Dans l’ombre de l’atelier, il ne fait pas très frais, pas assez.
Alors, par la couleur, inventer la fraicheur.
Mes carnets ont voyagé aux quatre coins de France, et même un peu plus loin, ils ont aussi fait leur nid dans quelques librairies, et c’est une joie.
L’été se poursuit, il sera dédié aux recherches, à l’expérimentation, à tenter de donner corps à des envies qui me trottent en tête depuis des mois, pour une expo prévue en septembre prochain.
C’est tout près… les cigales attendrons, et le bruit des vagues, et les odeurs de rivières, et les libellules dansantes.
Me restent les oiseaux, l’herbe roussie et l’agneau qui de sa voix d’enfant bêle sous mes fenêtres. Me restent la couleur et le papier, le fil et les trésors glanés, et les tissus teintés et reteintés.
C’est une autre aventure, un autre départ, et qui me plait.
Les Galets de sagesse, en grès émaillé et illustré, créés en duo avec Laurent Suchel sont exposés et vendus à la boutique Souzani, au Chambon-sur-Lignon, qui est ouverte tout l’été. Vous y retrouverez aussi mes carnets.
Après des mois de recherche, d’essais en tous sens, de tentatives, de ratés, d’envies de tout envoyer balader, de confiance qui joue au yoyo et de couleurs qui n’en finissent plus de se décliner…
Enfin, j’y suis arrivée.
Il y a longtemps que je rêvais de réaliser des carnets, mes carnets. Des carnets pour écrire ou pour dessiner, des carnets pour crier, pour se dire, pour inventorier ou gribouiller…
Mais de jolis carnets.
Les voici, déclinés en huit versions, huit illustrations sur un beau papier à grain, dans un format un peu allongé, 13×21 cm, avec 64 pages blanches très douces pour accueillir tous les secrets du monde.
Pour les faire connaitre, j’ai choisi une fois encore de lancer une campagne de financement participatif par le biais de la plateforme Zeste.
Un peu plus loin, dans le jardin, d’autres nuances.
Des verts qui se cherchent, se heurtent, s’embrassent ou se confondent, sur le textile ou le papier, pour un projet en devenir.
Le soleil de printemps m’a tendu les bras, l’espace d’une journée, et les verts du dehors ont gagné le dedans. Linge, chiffons, chemises et petits flacons de teinture chinés récupérés, pour une vie à réinventer.
Un mois bien rempli et qui s’est ouvert avec ce joli cadeau.
Une minuscule clémentine égarée au milieu de ses sœurs, qui m’a touchée par sa différence, et rappelé que oui, c’est quand même bien les fruits non calibrés, tous différents, singuliers. C’est quand même bien de revenir à une réalité que les étals des primeurs ont fini par nous faire oublier. Les humains non calibrés, c’est bien aussi, non?
Et puis une aventure tout en bleu.
Un atelier de quelques jours, partagé avec mon amie Sylvie Delphaut, céramiste et plasticienne, pour explorer encore et encore cette couleur énigmatique, et tenter de s’immerger dans sa mystérieuse profondeur. Le bleu nous a donné du fil à retordre, et ce n’est pas fini, car nous espérons bien que ce projet au long cours nous permettra, l’an prochain peut-être, d’exposer un travail commun.
Sylvie Delphaut encore, pour un stage autour de la découverte des engobes, auquel j’ai eu le bonheur de participer, et dont elle était l’animatrice. En céramique, l’engobe, constitué le plus souvent de terre, de colorants et parfois d’autres minéraux, fait office de peinture. Il permet une approche picturale du travail de la terre. Découvrir la manière de travailler d’autres céramistes est toujours extrêmement enrichissant. Et même si je connais bien le travail de Sylvie, le regarder autrement, le redécouvrir en l’écoutant nous parler de sa pratique m’a offert d’autres possibilités pour mon propre travail, et notamment pour cette recherche que je poursuis depuis des années et qui est de tisser des passerelles entre mon dessin, mon approche de la couleur, et la céramique.
Mes expérimentations avant cuisson, à suivre donc…
D’autres couleurs enfin, pour un projet destiné à l’édition et qui j’espère verra le jour d’ici quelques mois. La gouache a succédé à l’engobe pour un travail d’illustration qui m’est plus habituel, mais pas moins difficile.