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Gaëlle Boissonnard, un peu plus loin...

Retour de résidence

En cours, Tenter de dire Posted on 11 Avr, 2023 12h30

Deux semaines,
c’est bien court pour parcourir la terre,
l’explorer dessus, dessous, dedans,
au creux de ses recoins cachés.

Deux semaines dans une bulle hors du temps,
à parcourir de nos doigts et de nos doutes l’idée de l’ombre fertile,
du ventre qui protège,
qui enfante comme la terre offre ses replis aux graines,
aux racines, aux rhizomes, aux germes oubliés,
pour couver la vie, la soigner, la protéger,
l’inventer.

Ces deux semaines de création et de bonheur dans la lumière d’un immense atelier
nous ont été proposées par l’association Arte Diem,
qui œuvre pour le partage et la reconnaissance de la création céramique depuis plus de trente ans.
Merci à toutes celles et ceux qui nous ont accueillies et accompagnées joyeusement
durant ces 16 journées de création.

Merci également à Chloé Sorbe, pour les très belles photos réalisées pendant ce temps de résidence.

Les pièces réalisées pendant la résidence, qui seront sans doute complétées par d’autres que nous réaliserons un peu plus tard dans nos ateliers, seront exposées dans l’espace d’Arte Diem,
à Saint-Chamond, à partir du 10 novembre prochain.

Et puis, parce que je reste celle que je suis, et qu’à peine sortie de ma bulle je retrouve mes colères
et mes révoltes face à l’injustice d’un pouvoir qui n’œuvre que pour accroitre toujours plus les inégalités sociales, j’ai envie de partager avec vous ce texte admirable écrit par Lola Lafon et publié dans Libération la semaine dernière.
Il fait écho au thème que nous avons choisi d’explorer durant ces journées d’exploration de la terre,
celui du féminin et du végétal qui se rejoignent dans cette incroyable énergie à inventer la vie.
Alors oui, continuons, insistons, encore
et encore.



Réforme des retraites : Manu ciao?


“Voilà qu’en ce début de printemps, quelque chose survient. Quoi qu’il en coûte, il s’agit d’éteindre ce qui naît. Ce pouvoir aux abois ne sait plus faire que ça.

Tout ne pouvait pas se résoudre à cela, à dresser des listes de ce qui mourrait bientôt, ces listes qu’on finirait par trouver tragiquement poétiques : les tigres de Sunda, les licornes asiatiques et les séquoias géants. Tout ne pouvait pas se limiter à cela, à s’alarmer, à agiter des sonnettes d’alarme.

Tout ne pourra pas se résoudre à ça : à colmater, à réparer.

Nous savons tout de la réparation, nous sommes rompus à nous «acclimater» à ce qui nous détruit. Nous savons les ravages de ce qu’on avale de force, de tout ce qu’on ravale, ce magma de solitudes et d’impuissances. Et on s’y est presque faits, pour ne pas dire résignés, à avoir en commun la peur de faillir, de ne pas tenir, de s’affaisser, la peur de ce qui nous attend, la peur de ce qui ne nous attend plus.

On s’échange les adresses de thérapeutes, des recettes bien-être, on décline les couleurs apaisantes sur les murs de notre appartement. On ne se dit plus au revoir mais «prends soin de toi», comme face à un cataclysme que l’on sait inéluctable.

On s’y est presque faits, à n’être en quête que de ça, dans les amitiés, les voyages, les plantes ou les romans : une réparation. A rechercher en tout de quoi fonctionner encore, à la façon de petites machines tristes et efficaces, vaillantes, beaucoup trop vaillantes. Mais voilà qu’en ce début de printemps, quelque chose survient, qui grippe la machine. Ce quelque chose, dont personne, au moment où j’écris, ne connaît l’issue, est un rappel. Un réveil. Quelque chose a lieu qu’il faudrait se garder de définir, de circonscrire. S’agit-il de questionner la place du travail dans nos vies ? Certainement. S’agit-il d’une conscience inquiète du temps qui nous reste ? Certainement. De ce qu’il faut reprendre, arracher à un capitalisme morbide qui ne sait plus faire que ça, nous inoculer le désir des choses inutiles ? Certainement. S’agit-il de balancer par-dessus bord cette façon que l’on a eue, des années durant, de se définir par le travail, cette question réflexe, quand on se rencontre : et toi, que fais-tu ? Ce marqueur social impitoyable qui exclut de la conversation chômeurs, retraités et tous ceux et celles qui n’ont pas choisi ce qu’ils «font», que leur métier ne définit pas ?

Le «quelque chose» de ce printemps est un mouvement. Mouvement a pour synonymes ardeur, élan, émotion et vie. Si, dans les manifestations, des cortèges se réapproprient le tube de Mylène Farmer Désenchantée, les corps, eux, contredisent ce constat désespéré : les manifestants dansent, ils reprennent l’espace.

L’entrée en force de la danse dans les cortèges n’est pas anecdotique, elle dit, mieux que ne le font les traditionnels slogans syndicaux, la joie de faire corps, de se tenir ensemble, ce désir d’être uni·e·s. «Si je ne peux pas danser, je ne veux pas prendre part à votre révolution», disait Emma Goldman. Cette foule qu’un pouvoir hagard réduit à des chiffres mobilisation en hausse ou en baisse – prend la parole en un surgissement poétique, politique : les pancartes affichent un humour noir, un humour pop, aussi, ces «Manu Ciao», «Femmes : 22 % de retraite en moins et il paraît qu’on chiale pour rien», «Y’a pas de moyens dja dja», «Je ne veux pas mourir sur scène» ou «Moins de flashball et plus de flashdance».

J’aurais aimé pouvoir arrêter ma chronique ici. J’aurais aimé n’écrire que cela. J’aurais aimé ne pas écrire ceci : qu’un manifestant est entre la vie et la mort. Qu’un autre sort à peine du coma. Que d’autres, combien d’autres, ont été mutilé·e·s. Certaines ont subi des violences à caractère sexuel lors d’un contrôle policier. Des centaines ont été arrêtées de façon arbitraire, «préventivement». Quoi qu’il en coûte, il s’agit d’éteindre ce qui naît. Ce pouvoir aux abois ne sait plus faire que ça. Mais comme l’écrit l’Association pour la défense des terres dans une tribune parue le 1er avril : «Les limites planétaires ne sont pas des données que l’on peut mettre à genoux, matraquer, faire rentrer dans le rang ou intimider.»

Sans doute le savent-ils très bien, ceux-là qui ont cru pouvoir résoudre les existences comme autant de fractions : il se passe quelque chose, ce printemps, dans les rues. On y reprend vie. On revient à soi, mais ensemble. On déborde du cadre. Et le printemps a ceci de commun avec la vie : il insiste.


Toutes les photos de cet article ont été réalisées par Chloé Sorbe.



Il est un jour

Tenter de dire Posted on 08 Mar, 2023 12h27

Pour les femmes, pour leurs droits.

Il en a été décidé ainsi.

Un jour pour le souvenir,
comme un bouquet de roses qui viendrait leur dire,
Tu sais je ne suis pas souvent là,
j’ai été dur parfois,
je ne me suis guère préoccupé de nos enfants,

de tes envies ou de ta liberté,
j’ai quand même mieux à faire,
j’ai des responsabilités,
et puis je travaille moi,
je ramène un salaire pendant que tu tricotes,
et puis j’ai besoin d’air, j’ai ma vie à vivre,
et ça suffit à la fin, regarde, je t’ai apporté des roses,
rouges,
un plein bouquet,
tu vois je suis là je pense à toi,
c’est ton jour, ta fête,
ça ne te suffit pas?

Une journée internationale des femmes comme un bouquet de roses reçu en pleine figure.

Et ce jour-là tout le monde s’y met,
et on commémore, et on légifère, et on donne la parole,
et la presse, et l’assemblée, et même le palais n’en finissent pas de se passer le relais.
Car c’est notre journée, la leur,
celle de toutes les opprimées, les violentées, les dominées,
celles qui nettoient soignent et balaient,
celles qui se terrent, celles qui se déguisent en échassier à bec rouge pour mieux exister,
celles qui ont dit non, mais…
celles qui n’ont pas osé,
celles qui ne savent pas même pas qu’elles en ont le droit.

C’est leur jour, le nôtre,
il faut en profiter, ça ne fait que passer.
Demain se sera terminé, les roses rouges seront fanées.

Demain,
elles reprendront leur tablier.

Mon tablier à moi, le voilà.
Presque propre,
il sèche au chaud,
entre deux chantiers.
Entre porcelaine et couleurs sur papier,
sur fils de laine, de soie et de coton,
entre deux recherches, deux explorations.

Aujourd’hui c’est sa fête,
la fête des tabliers qui vivent et m’accompagnent
dans ma vie de femme qui, aux roses rouges, préfère les mauvaises herbes,
les fleurs des champs,
celles qui poussent en liberté,
loin des canons et des poisons.

Demain, ce sera sa fête aussi, et puis après-demain.
Il reprendra le chemin des taches bariolées,
tentera avec moi d’inventer des parcelles de vie,
de lumière.

Alors,
bonne fête aux tabliers!



L’uniformisation

Tenter de dire Posted on 16 Jan, 2023 15h14

Uniformiser donc.
Les minots, les plus grands,
pour gagner des sous, pour gagner du temps…

Imaginons la joie de maman et papa le matin,
et la joie des enfants.
Plus besoin de penser, de réfléchir,
à comment se vêtir.
Non, là au pied du lit,
tous les matins de la même vie,
la même tenue, les mêmes habits,
pour tous les jours et tous les enfants d’un pays.

Vous imaginez? Le gain d’espace de temps d’argent de liberté d’égalité ?

Vous imaginez le bonheur de ne plus avoir à penser à comment se fringuer ?
Donc à comment se dire,
comment se raconter,
comment exprimer qui on est,
comment crier sa singularité, sa différence, son unicité.

Plus de temps perdu à inventer, à s’inventer,
plus d’argent perdu à tenter d’exister avec qui on est,
avec qui on veut être,
même plus besoin de respirer.

Oublions tout cela,
ils ont pour nous l’uniforme solution,
un pour tous et tous le même.
Et pourquoi pas un pyjama rayé ?

Et on nous dit que cela gommerait les disparités
sociales, économiques, religieuses!
Les riches en seraient donc moins riches, les pauvres moins pauvres,
les croyants moins croyants ?

Ils savent que c’est pour notre bien,
ils ont connu cela, et ils n’en sont pas morts.
Ils savent si bien ce qu’il nous faut,
ce dont on a besoin.

Alors Madame l’épouse de,
et Messieurs Dames en bleu foncé cravate et tailleur ajustés,
je réponds à votre appel d’offre.

Une tenue pour jeune fille,
une pour jeune garçon,
confortables et pas tristounes.
Idéales pour la pratique du sport comme pour celle de la dictée (c’est économique),
avec des références à Henri Matisse et à Yves Klein (c’est artistique),
mais également au monde du travail (car faudrait pas croire qu’on est là pour chômer),
un petit nombril aéré, pour l’uniformité (tout le monde a un nombril, alors pourquoi le cacher ?),
quelques rayures pour mémoire,
et avec ça, interchangeables!

On s’y met ?
À réfléchir, ou à uniformiser le monde?



Et pendant ce temps…

Tenter de dire Posted on 14 Mar, 2022 16h42

Comment ne pas?

Ne pas chialer, là, ventre serré dans l’atelier,
en lisant ça.

On le savait pourtant,
on le hurlait déjà,
mais qui entend?
Qui, vraiment, veux entendre?

On nous parle de sauver des emplois.

Il faut donc tuer pour ça?
Accepter de tuer?
D’assassiner des enfants, des femmes, des hommes, des gamins, des vieillards?
Tuer, mutiler, bousiller à jamais?

Oui, mais non, pas tout à fait,

c’est loin vous savez,
et quand c’est loin on ne voit pas bien.
On ne les tue pas vraiment, avec nos armes, les ukrainiens.
Les yéménites et les syriens non plus,
non.


Ce sont d’autres qui tuent regardez!
Ces vilains soldats aux ordres d’un méchant dictateur.

Nous on n’y est pour rien.


Bon,
C’est vrai qu’on a conçu, élaboré, peaufiné,
fabriqué et commercialisé,
signé des marchés.
C’est vrai qu’on s’est assis sur les traités qu’on avait pourtant ratifiés,
On a contourné l’embargo, aussi, c’est vrai.

Mais ils n’avaient qu’à pas les utiliser ceux à qui on les a livrées!
On leur avait bien dit pourtant, “Ces machines servent à tuer, mais c’est pour la paix!”
Qu’y peut-on s’ils n’ont pas compris?


On peut pleurer.

On peut aussi se révolter,
dénoncer,
interpeller.
On peut agir.

Avec ce qu’on a dans les mains,
avec nos moyens de colibri,
mais on peut, oui.


• Article Libération. La France a continué d’équiper militairement la Russie jusqu’en 2020.

Commencer à agir, ici, avec Amnesty International.



Des mots

Tenter de dire Posted on 07 Fév, 2022 12h24

Une colère encore — elle ont hélas tant de raisons d’être —
que j’ai envie de partager ici.
C’est un courrier que j’ai adressé au député de ma circonscription,
et qui attend sa réponse.

Monsieur

           Je m’adresse à vous aujourd’hui en votre qualité de député et de membre de la majorité présidentielle qui a imaginé et voté la mise en place du “Pass vaccinal”.

           Ces passeports visent à interdire à des millions de Français tout accès à des activités culturelles, sportives et de loisir : bibliothèques et médiathèques, cinémas, théâtres, concerts, expositions, restaurants, cafés, gymnases, piscines, stages, marchés de potiers, et j’en passe.

           La volonté assumée du Président de la République et, partant, de ceux qui, comme vous, le suivent, n’est plus, c’est évident, de protéger la population (ce vaccin, comme vous aurez pu le constater, ne nous préserve ni de la contamination ni de la maladie), mais de punir, comme l’on punirait des enfants désobéissants, ceux qui sont en désaccord avec leur “stratégie sanitaire”.

           Il y aurait beaucoup à dire sur la méthode utilisée et qui consiste d’une part à extorquer, par le biais de la menace et du chantage, le consentement censément “libre et éclairé” des patients, et, par ailleurs, à punir ceux qui ne se soumettent pas, les considérant et les traitant comme des sous-citoyens, incapables de raisonner par eux-mêmes et de se protéger. Mais ce que je voudrais aborder ici, au-delà de la méthode, ce sont les moyens, tout aussi scandaleux que cette dernière, que vous utilisez pour parvenir à vos fins.

           Ainsi, dans le but de punir (d’autres diront plus vulgairement “emmerder”) des millions de Français, vous prenez en otage des dizaines de milliers de professionnels de la culture, du spectacle, de la restauration ou du sport en les privant purement et simplement d’une partie de leur clientèle et donc de leurs moyens de subsistance.

           En agissant ainsi, non seulement vous instituez une discrimination massive entre citoyens, mais vous imposez par la force à tous ces professionnels dont je fais partie de cautionner vos choix et, qui plus est, de les mettre en œuvre ! Vous faites de nous le bras qui interdit, qui prive et qui punit.

           Je vis et travaille dans votre circonscription. Je suis illustratrice et céramiste et je me bats depuis près de trente ans pour inventer mon métier en toute indépendance. Ce faisant, je contribue également à nourrir la vie et l’identité culturelle de ma région et de mon pays.

           Ces derniers mois ont été un peu plus que chaotiques pour nos professions prétendument “non essentielles”. Notre présent et notre avenir sont tout aussi incertains, car vous et votre majorité faites le choix de nous priver d’une part de notre clientèle et donc de nos revenus. Il en va ainsi, pour ce qui me concerne, des expositions ou des marchés auxquels certains de mes visiteurs ou clients n’ont pu ou ne pourront accéder, mais aussi de certains stages et interventions que j’anime et dont je devrais exclure contre ma volonté une partie de mes élèves. 

           Cette décision à laquelle vous collaborez n’a plus rien d’un choix de santé publique. Aussi, j’aimerais que vous m’expliquiez, Monsieur le député, ce qui justifie que vous manipuliez ainsi, et priviez de sources de revenus une quantité non négligeable de professionnels de votre pays.

           Par avance je vous remercie de la réponse que vous voudrez bien me transmettre. Espérons-la sincère et responsable.

    

             



En finir

Tenter de dire Posted on 06 Jan, 2022 11h59

C’est sans doute le rêve de la plupart d’entre nous aujourd’hui.
En finir…
On voudrait que ça s’arrête,
on ne sait pas bien quoi,
on ne sait pas bien comment,
mais on voudrait que ça s’arrête.
Par tous les moyens.

On pourrait conduire les hérétiques au bûcher,
pourquoi pas?
Brûler les sorcières aussi.
On pourrait sacrifier quelques vies non?
Sans doute que ça ferait revenir la paix,
et surtout nos libertés de consommer sans être dérangés.

Il faut que ça cesse tout ça
et que l’on revienne à une vie normale,
à notre vie d’avant.
À cette vie dans laquelle la maladie n’existait pas,
la mort n’existait pas,
où tout allait si bien.

Il nous faut trouver les coupables de notre sérénité perdue,
et si besoin, les pendre.
Oui c’est ça, désignons les et pendons-les!
Et tout ira mieux n’est ce pas?

Mais oui, bientôt tout ira tellement mieux,
puisque la solution nous l’avons,
puisque stratégie il y a,
et que l’ennemi est montré du doigt.

Ne nous reste qu’à le priver de ses droits,
qu’à l’humilier, l’isoler, le déchoir de sa citoyenneté,
et tout ira mieux n’est ce pas?

La stratégie est là,
celle qui nous délivrera du mal.
Et à cette stratégie, il n’y a pas d’alternative.

Nous y revoilà.

IL N’Y A PAS D’ALTERNATIVE

La sentence est lancée,
elle a une sale odeur
et réveille de sales mémoires,
mais elle est lancée à si grand bruit que peu se refusent d’y croire.

Elle est lancée comme un drap sombre jeté sur nos capacités à voir,
à réfléchir et à analyser,
à garder la tête froide.

Cette stratégie, tous les tyrans du monde en usent,
celle qui vise à détourner l’attention du plus grand nombre en la focalisant sur un coupable désigné,
celle qui vise à isoler, fragiliser,
à nous faire croire en une détermination universelle, une volonté et une pensée uniques,
qui seraient celle de toute un peuple à l’exception d’une minorité imbécile et réfractaire.
Une pensée unique! Imaginez…
Imaginez une démocratie sans dissonance,
une belle démocratie dans laquelle tous, nous penserions de la même manière.

Les autres…
Les autres? Existent-ils les autres? Ceux qui ne pensent pas comme nous?
Il suffit de si peu pour les rayer d’une carte.

Il n’y aurait donc pas d’alternative.
Se mettre à genoux et plier la tête,
baiser la main du roi,
ou disparaitre.

J’en connais, des alternatives.
Deux, au moins.
Résister,
et puis mourir.

C’est bien la seule chose qui ne connaisse pas d’alternative,
la mort.
Même les tyrans, les amasseurs affameurs de l’humanité,
même les salauds sont un jour rayés de la surface de la terre.

Alors sourire.
Car ceux qui résistent, qui ont toujours résisté, qui résisteront encore,
savent qu’ils possèdent au moins deux alternatives,
désobéir,
et puis quoi?
En finir.

Petite lumière pour éclairer cette réflexion, trouvé ceci sur le site
du Ministère des solidarités et de la santé:

Vous êtes … un patient ou une patiente. Vous vous interrogez sur la prise en compte de votre volonté par votre médecin.

Préalable indispensable à toute intervention médicale, votre consentement doit être recherché par votre médecin. Aucun acte médical ou traitement ne peut être pratiqué sans votre consentement libre et éclairé. Vous pouvez retirer votre consentement à tout moment.

Que signifie donner un consentement libre et éclairé ?

Votre consentement doit être libre, c’est-à-dire ne pas avoir été obtenu sous la contrainte. Il doit être renouvelé pour tout nouvel acte de soins.

Votre consentement doit également être éclairé, c’est-à-dire que vous devez avoir été informé des traitements dont vous allez bénéficier, ainsi que des risques fréquents ou graves normalement prévisibles et des conséquences éventuelles que ceux-ci pourraient entraîner.

Ai-je le droit de refuser des soins ?

La loi du 4 mars 2002 renforcée par la loi du 22 avril 2005 a consacré le droit pour tout patient de refuser des traitements, même au risque de sa vie. Corollaire du principe du consentement, vous pouvez refuser tout acte de prévention, de diagnostic ou toute intervention thérapeutique, ou en demander l’interruption à tout moment.

Le médecin a l’obligation de respecter votre volonté après vous avoir informé des conséquences de ses choix et de leur gravité. Si cette décision met votre vie en danger, vous devez la réitérer dans un délai raisonnable. Votre décision sera ainsi inscrite dans votre dossier médical.

En résumé:

L’information délivrée par le médecin doit vous permettre de donner un consentement libre et éclairé aux interventions et actes médicaux. Cela signifie que vous prenez avec lui les décisions concernant votre santé, sans contrainte et en toute connaissance de cause. Le professionnel de santé doit respecter votre volonté, après vous avoir informé des conséquences de vos choix.



Patte blanche

Tenter de dire Posted on 21 Sep, 2021 15h52

Il est une chose qui,
plus que toute autre,
me révolte,
c’est l’injustice.
Ajoutée à la mauvaise foi, à la manipulation, au mensonge,
à l’irrespect et à l’indignité,
cela fait un grande nombre de raisons d’être en colère.

Il semblerait n’être pas de bon ton, par les temps qui courent,
d’oser exposer son indignation et son désaccord.
Notamment quand ils sont suscités par les décisions de ceux qui nous dirigent,
même si celles-ci sont profondément et délibérément discriminatoires.

Jamais je n’avais encore imaginé que mon pays en arriverait à ce niveau de répression aveugle,
ni que la plupart d’entre nous accepteraient cela sans broncher.
Mais, pense-t-on,
de ces décisions dépendent notre salut sanitaire,
notre santé à tous.

Alors tant pis si quelques milliers de personnes se retrouvent sans emploi ni ressources,
tant pis si quelques milliers d’autres se retrouvent sans médecin, kiné, aide à domicile…
et parfois en danger.

La peur,
d’être malade, d’être contrôlé, sanctionné, mis à l’écart,
d’être rejeté ou simplement montré du doigt,
la peur a figé nos esprits critiques et nos capacités à penser de manière autonome.

Il faut croire que les hommes — nombreux — et les quelques femmes, qui,
tout en haut des tours de leur invulnérable château,
décident de nos vies et de nos avenirs,
savent un peu plus qu’habilement jouer avec nos peurs,
et les utiliser à notre encontre.
L’imagination est sans limites quand il s’agit de dominer.

Mais je me fais bavarde,
et ces mots trop nombreux ne sont que l’introduction d’une colère qui me touche plus particulièrement
et qu’il m’importe de partager ici.

Éphéméride donc,
une curieuse, inventive et populaire exposition à découvrir à Saint-Étienne d’ici deux semaines.

Mais,
car il y a un mais,
Je dois dire ici que tous ne pourrons pas la découvrir.
Car, comme bon nombre d’évènements culturels, artistiques ou de loisirs,
l’exposition est réservée à cette élite non réfractaire détentrice du fameux sésame.

Éphéméride a apparemment deux torts:
Être présentée dans un centre social, plutôt que commercial.
Et l’on nous expliquera que le social n’est pas indispensable à la vie,
le commerce si.

Et être organisée, chose incroyable, par une équipe de bénévoles.
Mais oui, cela existe encore,
des personnes qui donnent de leur temps et de leurs compétences
pour permettre à des artistes de présenter et vendre leur travail,
sans prélever un euro sur les ventes.
Ceux-ci auraient été marchands d’art,
exposant nos babioles sur les murs immaculés de leurs galeries,
il n’aurait pas été question de pass.

Il faut croire, une fois encore,
que ce virus est plus intelligent qu’il n’y parait,
puisqu’il se fait tout petit quant il passe la porte des lieux dédiés au commerce et à la finance,
mais devient abominablement virulent quand il s’agit de lieux de partage d’idées,
de beauté, de soin, d’invention et de création.

Je n’accepte pas ces discriminations (à l’égard de notre public et de nos activités)
fussent-elles légalisées et généralisées.
Je ne comprends pas qu’elles puissent être acceptées.

Je tenterai, dans les prochains jours,
de présenter ici les pièces sur lesquelles je travaille
et qui seront accrochées parmi les 365 carrés d’Éphéméride.

Pour le reste,
on en discute?








Sauver des vies…

Tenter de dire Posted on 20 Juil, 2021 11h53

Mais à quel prix ?
Et au prix de quelle vie ?
Où en sommes-nous de nos questionnements ?
Et de nos peurs ?
Où en sommes-nous de nos soumissions ?

Deux dessins un peu anciens, posés sur le papier il y a une douzaine d’années,
actualisés aujourd’hui.

Nous aurions pu espérer que ces douze années nous amènent vers plus de sagesse,
vers une prise de conscience collective qui nous verrait consommer moins compulsivement,
plus intelligemment, et nous respecter davantage.
Qui nous verrait lutter ensemble contre l’autorité d’un état sourd
et contre ceux qui se croient les rois du monde parce qu’ils s’envoient en l’air dans l’espace,
ruinant par ce seul et délirant caprice tous nos espoirs d’une terre régénérée.

Mais non.
Non, la sagesse se dilue dans des rêves sur petits écrans,
et nos esprits critiques se noient derrière les vitres des smartphones.

Où en sommes nous de nos vies, de nos capacités à vivre, à inventer nos vies,
à résister?
Serions-nous devenus ces pions qui, par peur de perdre la vie, renoncent simplement à la vivre?

Et quelles sont ces vies qui valent plus que d’autres vies?
Plus que celles de ces centaines de “migrants” en train de mourir à petit feu dans une église bruxelloise, plus que celles de ces milliers de femmes, hommes et enfants qui ont péri en Méditerranée
cette année encore, plus que celles de milliers de femmes, hommes et enfants qui croupissent et subissent tortures et maltraitance dans des camps lybiens financés par l’Union Européenne, plus que celles de ces femmes, hommes et enfants tués par des armes françaises au Yemen, plus que celles de ces femmes, hommes et enfants qui meurent de faim à Madagascar, qui sont morts sous la boue en Allemagne, parce que notre planète surchauffe.

Ces vies-là, reconnaissons-le, nous importent peu,
et importent moins encore ceux qui mènent notre barque.
Non, les vies qui nous importent,
ou plutôt les morts,
ce sont celles que l’on agite pour mieux nous bâillonner, nous contrôler, nous domestiquer,
ce sont celles de l’entre-soi, de l’entre-frontières, de l’entre-virus.

Et nous voilà le dos courbé, en rangs serrés, à obéir aux injonctions royales,
sans même prendre le temps d’une réflexion globale sur ce que nous sommes en train de vivre.
La pédagogie et la confiance ne semblent pas avoir de place dans la lutte contre l’épidémie
qui nous assaille. Il faut croire que ceux qui nous “président” ont bien peu de respect pour nous
et pour notre capacité à être adultes et responsables.
Mais comment pourraient-ils en avoir, puisque nous leur montrons chaque jour que
nous n’en n’avons pas plus pour nous-mêmes, pour nos droits, pour notre dignité ?

Un peu de lumière pour éclairer nos réflexions: cet article de Félix Tréguer, paru dans Le Monde diplomatique. Urgence sanitaire, réponse sécuritaire.




En attendant…

Tenter de dire Posted on 02 Jan, 2021 17h02

… de retrouver nos vies.

De cesser de compter,
ces morts-ci,
et pas les autres.

Car il y a les morts qu’on compte, et ceux qu’on ne compte pas.
D’ailleurs pour qui comptent-ils ces morts-là?

Ces morts de faim, de froid,
ces noyés de la Manche ou de la Méditerranée,
parce que trop pauvres, trop foncés, trop différents,
ces morts de fatigue à travailler pour nous,
à creuser pour nous, à coudre pour nous, à cultiver pour nous,
ces abattus du Yemen ou d’Égypte,
percés de balles tout droit sorties de nos essentielles fabriques,
ces seuls à crever qui n’ont même plus les ragots des comptoirs,
la lumière des cafés pour se revigorer
et qui crèvent,
ces empoisonnés pour leur bien,
ces morts de détresse de n’être rien,
ces morts juste parce que c’est la fin.

Qui les compte?

En attendant le temps où nous compterons tous nos morts,
et tous nos vivants,
en attendant ce temps où tous compteront pour nous,
jusqu’au plus petit brin d’herbe,
en attendant ce temps où nous prendrons nos vies en main,
je vous souhaite une année belle,
éveillée, éclairée,
libérée.



Les vrais humains

Tenter de dire Posted on 02 Nov, 2020 17h05

Étrange de tenter,
à la fois face et derrière un écran,
de dire l’importance d’être ensemble.
Ensemble vraiment,
les humains avec les humains,
avec les sons et les odeurs,
avec les mains qui touchent,
avec les peaux qui sentent,
avec ce que l’on voit et qui ne se dit pas,
avec ce que l’on montre, malgré nous, parfois,
et qui ne s’entend pas.
Avec la vraie vie,
les vraies gens,
les vrais humains qui rient, qui pleurent,
qui meurent aussi.

Qui meurent de solitude, de désespoir ou de chagrin,
qui meurent simplement parce que c’est la fin,
le bout du chemin,
parce que oui, quelle qu’en soit la manière, la vie un jour s’arrête.

En attendant,
on peut se poser la question de cette vie,
de savoir si ce n’est qu’une petite mécanique dont il faut prendre soin,
qu’il faut réparer de temps en temps,
sans se soucier de ce qui la nourrit,
de ce qui, en elle,
et en dehors d’elle, fait sens.

À quoi bon vivre si c’est en étant privés de la vie,
de ce qui fait la vie aussi.

Certains aujourd’hui se demandent,
et bien sûr cette question je me la pose aussi.

Pour sauver des vies, la vie, une forme de vie,
nous sacrifions ce qui fait la vie.

Ce qui fait la vie dans ce qu’elle a de plus beau,
la création.
Si la vie est partout,
là, dans cet arbre qui sous mes yeux se dénude,
dans le chant de l’oiseau que j’entends de l’autre côté de la fenêtre,
dans les bourgeons d’hellébores qui commencent à pointer sous les feuilles,
elle est aussi en nous.

Et c’est cette vitalité que l’on fait taire,
en réduisant à rien les liens sociaux,
en nous mettant en cage,
en fauchant nos élans de création, de partage,
d’énergie pourtant si précieuse.

Que certains se rassurent,
les chasseurs peuvent continuer à tuer
– les fabricants et marchands d’armes également,
des civils, des enfants –
encouragés par ceux qui prétendent nous sauver.

Sauver notre corps, notre petite mécanique,
nos consommations effrénées.
Le reste on s’en fout.

Je ne m’en fous pas,
et je suis persuadée que chacun,
avec ce que nous avons dans les mains,
nous pouvons résister.

Les créateurs ne dorment pas sous la chappe qu’on leur a imposée,
la fourmilière ne cessera jamais de fourmiller,
les graines à l’abri de la terre se nourrissent pour mieux germer,
pour mieux éclore et pour mieux exploser sous le prochain soleil.
La vie est bien là.

À chacun de nous de l’arroser, d’y croire et de l’inventer.




En écho à mes mots, cette tribune écrite par Alexis Weigel, libraire à Mulhouse.

Et puis, pour information, et parce que la question m’est parfois posée,
sachez que je ne ne suis présente sur aucun réseau “social”,
et que je ne vends rien sur ces plateformes commerçantes
qui ne font de bonheur que celui des multimilliardaires qui les possèdent
et qui s’engraissent sur nos détresses.
Pourtant vous y trouverez mon nom.
Dans le premier cas, les comptes ont été ouverts par des usurpateurs (trices?),
et dans le second ce sont des commerçants qui vendent en ligne et à des prix exorbitants
la papeterie que j’illustre et qui est éditée par Aquarupella.

Si vous me cherchez, je suis ici.
Si vous souhaitez acheter cartes, calendriers ou autres petits carnets,
un très grand nombre de boutiques indépendantes, en France et à l’étranger, les commercialisent.
Et si vous souhaitez vraiment acheter en ligne, certaines papeteries
vous les proposent, comme celle ci.





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